C’est l’un des évènements majeurs de cette rentrée pour Radio Classique : l’arrivée du comédien Fabrice Luchini parmi les grands noms de notre antenne. « Des livres et des notes » sera diffusée chaque samedi et dimanche, à 12h et 16h. Il était l’invité ce matin de Guillaume Durand pour en parler.
Fabrice Luchini lira sur Radio Classique des oeuvres de Céline, Cioran, Thomas Bernhard…
Ce sera le rendez-vous incontournable des mélomanes en cette rentrée : la lecture, par Fabrice Luchini, de textes consacrés à la grande musique par des écrivains et des philosophes, de Cioran à Céline, en passant par Thomas Bernhard. Un moment suspendu pour prendre la mesure du génie des compositeurs de musique classique. Le comédien avait déjà participé à une expérience similaire au Louvre, il avait lu des extraits d’œuvres consacrés à la peinture devant les tableaux : « c’était une expérience extraordinaire. Pour des gens qui n’ont pas de formation, qui n’ont pas eu la chance d’aller à l’école, quand Proust parle de peinture, quand Baudelaire parle de la peinture de Delacroix, tout d’un coup on rentre, grâce au talent de ces génies, dans la réalité de la peinture ». Si Fabrice Luchini a accepté de venir sur Radio Classique, c’est pour faire partager la beauté de musique vue par les grands auteurs : « quand vous entendez Cioran parler de la différence entre Bach et Mozart – d’abord tu es lavé de l’entreprise universelle de bêtises dont parlait Flaubert -, et surtout quand il dit que Bach ne parle pas du paradis, mais de l’entrée au paradis, alors que Mozart vient du paradis, c’est extraordinaire ». Fabrice Luchini a enregistré les deux premiers mois de Des livres et des notes et pense à une suite.
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Céline décrit la dépression ainsi : « quand on n’a plus assez de musique en soi pour faire danser la vie »
Certains extraits d’œuvres peuvent aussi être plus provocateurs, le comédien citant ainsi Thomas Bernhard, qui s’élève contre « l’envahissement de la musique, partout, au restaurant, dans les magasins, les aéroports ». « Je suis très content d’avoir redécouvert tous ces grands textes d’écrivains qui ont évidemment une grande acuité sur l’époque », souligne Fabrice Luchini. Au micro de Guillaume Durand, il cite un de ses auteurs préférés, Céline, qui dans Voyage au bout de la nuit décrit la dépression ainsi : « quand on n’a plus assez de musique en soi pour faire danser la vie ». « C’est autre chose que les psychiatres qui vous parlent d’état dépressif ou maniaco-dépressif ! » s’amuse-t-il. Sa volonté de transmettre les grands textes ailleurs que sur une scène de théâtre lui est venue de la triste expérience du confinement, liée à la crise sanitaire du Covid-19, et qui nous a privé d’une partie de la vie culturelle : « pendant deux ans et demi, je me suis imposé une discipline pour ne pas devenir fou. Il fallait que je travaille, j’ai donc appris une fable et l’ai récitée [sur Instagram] ». Le succès est au rendez-vous : « il paraît que j’ai 207 000 abonnés. Je ne sais pas trop ce que ça veut dire, mais certains ont eu la gentillesse de me dire que ça les avait aidés. Il n’y avait pas de but, sinon de me tenir debout ». Fabrice Luchini conclut ainsi, résumant son amour des grands textes : « ce qui m’a fait tenir pendant deux ans, c’est Pascal, Baudelaire, La Fontaine ».
Béatrice Mouedine
Retrouvez Des livres et des mots, par Fabrice Luchini, chaque samedi et dimanche à 12h et à 16h sur Radio Classique
