Législatives : Les solutions de la presse française pour « gouverner l’ingouvernable »

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Au lendemain du second tour des législatives, la presse française tente de venir en aide à Emmanuel Macron. Afin que le président obtienne une « majorité d’action », selon l’expression d’Elisabeth Borne, les éditorialistes ont bien des idées, même si aucune d’entre elles ne semblent s’apparenter à une solution miracle.

« Emmanuel Macron sera forcé de composer, discuter et négocier »

« Comment gouverner l’ingouvernable ? «  se demande Alexis Brézet en une du Figaro. Grâce à « un accord de gouvernement avec la droite ? Encore faudrait-il que les macronistes l’assument et que la droite l’accepte. Dégager des majorités au cas par cas ? Macron le peut-il encore ? ». Dans Les Echos, Cécile Cornudet cherche elle aussi des pistes : « il faudra négocier au cas par cas, à droite et à gauche, selon les textes ».  A la une de L’Opinion, Nicolas Beytout délivre une feuille de route difficile à mettre en œuvre : « il va falloir revoir sa copie, renouveler une partie du gouvernement, changer peut-être de Première ministre, reconstruire le groupe de ses fidèles mis au tapis, négocier avec les adversaires d’hier, chercher des compromis, des alliances et trouver une ligne de crêtes ».

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Dans Le Parisien-Aujourd’hui en France, Jean-Michel Salvator essaie de trouver une solution en regardant l’unique précédent sous la Vème République. Il se rappelle avoir vu « à quel point Michel Rocard avait eu du mal à gouverner alors qu’il était dans une situation moins difficile, il lui manquait 15 députés pour avoir la majorité absolue (il en manque 44 à Ensemble pour avoir une majorité absolue) ». Alors l’éditorialiste s’interroge « sur un pacte de gouvernement avec les Républicains qui, s’il était négocié mettrait un terme au en même temps. Une opération qui n’a rien d’évident tant les ténors de droite campent sur une position frontale face à Emmanuel Macron ». Il paraît donc important de négocier, mais justement, au-delà de l’arithmétique parlementaire, Paul Quinio de Libération a des doutes sur la capacité d’Emmanuel Macron à fédérer : « composer, discuter, négocier, c’est peu de dire que le président n’a pas excellé dans cet exercice depuis 5 ans. Négocier, composer et discuter, le président n’a pas le choix mais y est-il prêt ? Il y a derrière cette question une dimension personnelle. Emmanuel Macron a jusqu’ici gouverné de manière verticale, accentuant les penchants présidentiels de nos institutions. Mais au-delà de ce trait de caractère se cache une faute politique : Emmanuel Macron a depuis 5 ans négligé sa propre formation. Ce mépris pour son propre parti sera un handicap majeur dans la situation de majorité relative dans laquelle il se retrouve ».

La discussion du projet de loi sur le pouvoir d’achat sera un premier test d’ampleur

Pourtant s’il y a les gros titres, les éditos, les prévisions, les analyses, il y a également la réalité et le calendrier parlementaire. Dans Le Figaro, les étapes d’installation des nouveaux députés en disent long sur ce qui attend les responsables politiques. Au programme : l’élection de présidents de groupe, la désignation de membres du bureau de l’Assemblée, la constitution des commissions et notamment de la très prisée commission des finances qui revient en principe à un élu d’opposition. Reste à savoir quelle opposition. Il y aura ensuite après le 28 juin l’élection du nouveau président de l’Assemblée nationale. Cela risque également d’être sportif. Puis viendra la discussion sur le projet de loi sur le pouvoir d’achat. Ce sera un premier test d’ampleur qui verra les différentes sensibilités se régler. Enfin une autre échéance importante, celle du 5 juillet, date à laquelle la cheffe du gouvernement, Elisabeth Borne, si elle est toujours en poste, prononcera son discours de politique générale. Le Figaro précise que la Première ministre engagera, sans que cela soit obligatoire, sa responsabilité devant les députés. Cet exercice s’annonce périlleux compte tenu de la physionomie de la nouvelle Assemblée. « Discuter, négocier et composer », en vérité tout le monde devra si mettre.

David Abiker

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