En refusant de voter les motions de censure ce lundi, LR a de nouveau revendiqué sa neutralité entre gouvernement et opposition, quitte à s’attirer des critiques. Cette position du « ni-ni » pourrait peut-être évoluer.
Une motion de censure de LR serait capable de faire tomber le gouvernement
Ce lundi, LR a refusé de voter la motion de censure déposée par la Nupes et soutenue par le RN. Cette position, qui devrait se renouveler à l’occasion d’autres motions de censure de ce type, traduit le ni-ni qui est la ligne dominante aujourd’hui chez les Républicains : ni soutien au gouvernement, ni soutien aux censures déposées par les deux extrêmes. Ainsi, Olivier Marleix avait dit très tôt qu’il était hors de question de voter le budget et qu’il était tout autant hors de question de renverser le gouvernement pour faire plaisir à Jean-Luc Mélenchon ou Marine Le Pen. La première position était logique politiquement, pour éviter de basculer dans une stratégie d’alliance avec Emmanuel Macron. La seconde est compréhensible électoralement parlant car qui dit censure dit dissolution. Et qui dit dissolution, dit risque de revenir encore moins nombreux qu’avant.
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Cette position pourrait en vérité évoluer dans deux directions distinctes. Soit dans le sens d’un soutien négocié et assumé avec le gouvernement. C’est ce que proposait Nicolas Sarkozy lors des législatives et encore ce week-end dans le JDD. Soit à l’inverse dans le sens d’une motion de censure : non pas que LR puisse voter un texte déposé par la gauche ou le RN. Mais les Républicains pourraient déposer leur propre motion de censure. Ca changerait tout, puisque dans ce scénario, toutes les oppositions se disent prêtes à voter ensemble. En clair, seule une motion de censure LR pourrait faire tomber le gouvernement Borne.
La plupart des cadres et militants de LR défendent une opposition dure à Emmanuel Macron
Cette hypothèse, qui n’a pas été retenue pour le budget, n’est pas exclue pour la suite. Olivier Marleix l’avait déjà évoquée lorsque le gouvernement menaçait de réformer les retraites par un amendement au projet de loi de financement de la sécurité sociale. Hier, en réunion de groupe, beaucoup de députés LR poussaient en ce sens parce que leurs électeurs leurs reprochaient d’aider indirectement Macron. C’est dire si le piège tendu par le RN a marché. La position Sarkozy fait très peu d’adeptes à droite, encore moins chez les parlementaires. Pour une raison simple : ceux qui soutiennent l’idée d’une alliance avec Macron sont déjà passés à Renaissance. C’est le cas par exemple d’Eric Woerth ou de Constance Le Grip. Les élus, cadres ou militants restés à LR défendent au contraire une opposition claire, voire dure au chef de l’Etat. Et dans la bataille entre Eric Ciotti et Bruno Retailleau, ainsi qu’Aurélien Pradié, c’est à celui qui sera le plus ferme contre Macron. Bruno Retailleau pousse même à une rupture franche avec Sarkozy. Les électeurs de la droite, eux, sont vraiment partagés en deux. D’ici là, le « ni-ni » reste encore la position qui préserve a minima l’unité de LR.
Guillaume Tabard