La pression monte autour d’Emmanuel Macron pour que la réforme des retraites ne soit pas adoptée par un simple amendement dans le projet de loi de financement de la sécurité sociale (PLFSS). L’arbitrage doit être pris aujourd’hui.
Yaël Braun-Pivet, François Bayrou et d’autres ministres sont opposés à un « passage en force » sur la réforme des retraites
Ce midi, Emmanuel Macron et Elisabeth Borne ont déjeuné ensemble pour trancher un point crucial : la méthode pour mettre en place la réforme des retraites. Tous les regards sont tournés vers eux. Mardi dernier, la réunion des députés Renaissance a été mouvementée et la majorité demande au gouvernement d’exprimer clairement sa ligne de route. Comme si cela ne suffisait pas, la patronne de l’Assemblée nationale Yaël Braun-Pivet a réclamé hier une loi pour la réforme et pas seulement des amendements. François Bayrou et plusieurs ministres hors micros soutiennent cette ligne. Face à ce front du refus, une alternative semble se dessiner au sommet de l’Etat. La réforme serait repoussée à février pour profiter d’un créneau parlementaire où l’ordre du jour est à la main de l’exécutif.
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Une loi serait alors présentée, sans doute avec des critères d’âge et de pénibilité, de durée de cotisation et d’un minimum pour les pensions. La question des régimes spéciaux, très sensible, pourrait cependant passer à la trappe. Plusieurs ministres plaident pour qu’on ne jette pas de l’huile sur le feu, alors que le président souhaite depuis 2017 la suppression de ces statuts spéciaux. Le risque de voir les gaziers et les électriciens d’EDF, bénéficiaires d’un régime spécial, battre le pavé cet hiver en pleine crise énergétique serait trop important.
« Si on repousse la réforme des retraites à février, on n’ira jamais jusqu’au bout »
Une mise en place plus tardive pourrait aussi changer la donne politique. Le gouvernement pourrait se défendre que les oppositions – rassemblées contre les amendements – ont eu leur voix au chapitre. Mais les syndicats sont et resteront vent debout contre toute mesure repoussant l’âge légal de départ. Enfin, les Français connaîtront en février une nouvelle hausse du prix de l’électricité et une augmentation du coût des péages. Dans ce contexte, un conseiller de la majorité disait hier : « Si on repousse la réforme des retraites à février, on n’ira jamais jusqu’au bout. Il y aura toujours des raisons de ne pas la faire ». C’est ce qui peut encore faire hésiter Emmanuel Macron, même si tout son entourage le pousse à temporiser. Gouverner est toujours un exercice solitaire.
Marcelo Wesfreid