Dominique Carlac’h, vice-présidente et porte-parole du Medef, était l’invitée de Guillaume Durand ce matin sur Radio Classique. Il est urgent de refonder le système des retraites, en dépit de la conjoncture politique et énergétique selon elle. Quant aux régimes spéciaux, ils pourraient être sauvés suite aux concertations.
Le Medef constate « l’hésitation politique » liée à la réforme des retraites et exhorte le gouvernement à agir vite
Les partenaires sociaux et un grand nombre de politiques s’accordent pour dire que la réforme des retraites est nécessaire, a souligné ce matin Dominique Carlac’h. Or, un récent sondage de l’IFOP pointait que les Français – hormis les retraités – sont majoritairement opposés à cette réforme. « Il s’agit de garantir la retraite aux générations futures assez rapidement, c’est un choix politique à faire », insiste la vice-présidente du Medef. Elle prend à l’appui le rapport du Conseil d’Orientation des Retraites (COR), qui constate un risque de déficit public « entre 15 et 30 milliards d’euros à horizon 2030 » si rien n’est fait. Ce même rapport montre que le système de retraites n’est pas en danger à court terme. Mais il faut agir le plus rapidement possible, selon Dominique Carlac’h, par « une réforme juste qui prenne en compte la réalité des gens ». Cela demande de la négociation et de la concertation avec les partenaires sociaux sur plusieurs paramètres, comme « l’âge, le nombre de trimestres, la pénibilité » ou encore le travail des seniors.
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Devant la possible utilisation de l’article 49.3 pour cette réforme ou de « passage en force » selon la formule du président du Modem François Bayrou, la porte-parole de l’organisation patronale répond simplement que cette modalité politique n’est pas relative au Medef : « ce sera une décision du Président de la République et après ça, le Medef sera là pour apporter ses contributions ». Toutefois, elle remarque pour l’instant l’hésitation politique et ne pense pas « que la consultation des présidents de groupe de l’Assemblée nationale cet après-midi va être déterminante pour la décision ». La conjoncture politique – celle d’une majorité relative à l’Assemblée Nationale pour Emmanuel Macron – ne doit pas faire oublier « des raisons structurelles » qui incitent à faire cette réforme, rappelle Dominique Carlac’h.
Dominique Carlac’h s’inquiète des factures énergétiques que vont devoir régler les entreprises cet hiver
Récemment, la présidente de la Commission européenne Ursula Von der Leyen a réaffirmé l’importance de la règle des 3% de déficit public dans l’Union Européenne, battue en brèche à cause du Covid et du « quoi qu’il en coûte ». Ce déficit qui se creuse inquiète aussi la vice-présidente du Medef : « dans nos rangs, les gens sont un peu affolés ». Depuis 2019, les menaces – grèves contre la réforme des retraites, gilets jaunes, Covid et guerre en Ukraine – se sont multipliées sur la compétitivité des entreprises : « on s’en est relevé mais à quel prix ? » . Dominique Carlac’h prend l’exemple des factures énergétiques cet hiver qui imposeront des dilemmes aux patrons entre l’arrêt ou la poursuite de leur production : « il y a des situations dramatiques »
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Le Medef se méfie du « degré de conflictualité » sociale que peut générer la réforme des retraites, notamment venant de paramètres « irritants » comme les régimes spéciaux. Alors que la réforme initiale prévoyait de les supprimer, Dominique Carlac’h pense qu’il est possible de les conserver : « Si chaque Français cotise un trimestre de plus – ce qui n’est pas un gros effort à demander – on peut peut-être sauver en partie les régimes spéciaux ». Cette spécificité est moins urgente que de refonder le système global le plus vite possible, nuance-t-elle.
Clément Kasser