Après avoir considérablement réduit les livraisons de gaz vers l’Allemagne, le géant du gaz russe Gazprom va purement et simplement arrêter de fournir le groupe français Engie à partir du 1er septembre pour une durée indéterminée. De quoi raviver les craintes sur la situation énergétique de l’Europe cet hiver.
Avec des réserves de gaz remplies à 80%, les pays européens sont loin d’avoir fait le plein pour l’hiver
Gazprom n’en finit pas de jouer avec les nerfs des Européens : le géant du gaz russe vient d’annoncer l’arrêt de la livraison de gaz à la France. Et les paris sont ouverts sur la situation énergétique de l’Europe cet hiver : avec des réserves remplies à 80% seulement ces jours-ci, les pays européens sont loin d’avoir fait le plein. Il manque l’équivalent de la moitié de la consommation d’un mois de mars normal. Si la France fait plutôt partie des bons élèves, avec une jauge à plus de 90%, certains de nos voisins comme l’Allemagne pourraient avoir plus de mal à passer l’hiver. De quoi justifier les appels à la sobriété qui se multiplient dans les capitales, les avertissements sur de possibles rationnements et les tentatives de diversifier les sources d’approvisionnements. Mais la bonne nouvelle est que les Européens ne se contentent plus de parer à court terme à leur dépendance au gaz russe. Ils cherchent aussi à préparer l’avenir.
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François Vidal