De plus en plus de pays de l’Union européenne relancent leur industrie charbonnière face au manque de gaz russe. Les ONG et la Commission européenne préviennent pourtant que ce recours aux énergies fossiles serait un coup dur pour les objectifs climatiques fixés par la COP26.
Sans le charbon, les Européens craignent de devoir faire face à des pénuries
En Allemagne, aux Pays-Bas et en Autriche, le recours au charbon gagne les capitales européennes, alors que la Russie coupe progressivement le robinet du gaz vers l’Occident. Le charbon passe par des centrales vieillissantes, qui produisent peu et créent deux fois plus d’émissions que le gaz. Même un recours ponctuel serait un coup de canif dans les objectifs de sortie du charbon fixés par la COP26. Avant l’invasion de l’Ukraine, Moscou fournissait 40% du gaz que l’Europe utilise pour produire son électricité. Sans cet approvisionnement, les Européens craignent de devoir faire face à des pénuries. Ils se tournent donc vers le charbon. Pourtant cette option interroge, au vu des ambitions de transition énergétique affichée par Bruxelles. En effet, pour l’heure, l’Europe ne peut compenser qu’un tiers des 150 milliards de m3 annuel de gaz russe.
« Un retour en arrière vers les combustibles fossiles polluants »
Alors, face à une éventuelle pénurie, Berlin, Vienne, et Amsterdam stockent et se tournent vers le charbon explique l’économiste des énergies Patrice Geoffron : « la menace est de se retrouver à court de gaz durant l’hiver prochain. Dans ce contexte d’économie de guerre, on est dans l’obligation de trouver des solutions transitoires afin que les sociétés ne s’effondrent pas ». Les Européens paient leurs retards en matière de transition énergétique. En attendant de sortir de la dépendance russe, nombre de pays sont au pied du mur : « en Italie, en Grèce ou dans tous les pays qui ont un parc de centrales à charbon pouvant être activé plus intensément, les gouvernements vont recourir à cette solution ». Une solution également étudiée en France. Les Européens promettent de n’utiliser le charbon qu’en cas d’urgence.
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Selon Zélie Victor, responsable de la transition énergétique chez Réseau Action Climat, l’inquiétude grandit et les ONG appellent déjà à la sobriété pour éviter d’y avoir recours : « en hiver, on peut arrêter de prendre la voiture certains jours de la semaine, baisser le chauffage ou arrêter des usages superflus comme les panneaux publicitaires lumineux ». Cette situation inquiète jusqu’à la Commission européenne qui espère que ce recours au charbon reste limité. Pour éviter, prévient-elle, “un retour en arrière vers les combustibles fossiles polluants”.
Eric Kuoch
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