Le tirage au sort des membres de la Convention Citoyenne sur la fin de vie a commencé la semaine dernière. A l’origine, Emmanuel Macron voulait l’autorisation de l’euthanasie d’ici fin 2023 mais il fait preuve de prudence depuis sa rencontre avec le Pape.
En revenant de Rome, Emmanuel Macron a confié n’être « pas pressé » d’aboutir à une loi
Ce 2 novembre est traditionnellement consacré au souvenir des défunts. Croyants ou non, les Français se rendent aujourd’hui dans les cimetières. Et c’est pour profiter de cette attention que L’Association pour le Droit de Mourir dans la Dignité (ADMD) a capté et détourné cette fête pour en faire leur journée en faveur de l’euthanasie active et du suicide assisté. C’est l’occasion de se poser la question : où en est le débat politique sur la fin de vie ? Ce lobby est en passe d’arriver à ses fins. La semaine dernière a commencé le tirage au sort des 150 Français qui composeront la Convention Citoyenne sur la fin de vie. Une convention qui débattra pendant quatre mois avant que le Parlement s’empare du sujet et vote, probablement, une loi ouvrant l’accès au suicide assisté et à l’euthanasie.
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La semaine dernière, dans l’avion qui le ramenait de Rome, Emmanuel Macron a confié n’être « pas pressé » d’aboutir à une loi. Il venait de rencontrer le Pape François à qui il a fait part du processus lancé en France. Le chef de l’Etat a affirmé qu’il n’aime pas parler d’euthanasie car cela renvoie à un geste technique, alors que la mort est d’abord un mystère auquel chacun est confronté. Il n’a précisé que ce qu’il ne souhaitait pas, c’est-à-dire une loi qui autorise en quelque sorte une forme de « tout est permis ». Il a défendu aussi l’idée qu’il faut le temps d’aller au bout de cette question et qu’il ne pouvait y avoir d’échéance imposée. C’est déjà une évolution car lorsqu’il a lancé la Convention Citoyenne sur le sujet, il avait la fin de l’année 2023 en ligne de mire.
Au sujet de l’euthanasie, le président des évêques de France parle de « ligne rouge »
On constate beaucoup de prudence du président, mais celui-ci venait de rencontrer le Pape. Quand il avait décoré Line Renaud, égérie des pro-euthanasie, il s’était montré très chaleureux avec son combat et lui avait dit : « nous le ferons ». Son discours s’adapterait-il à son interlocuteur ? Dans Le Parisien d’hier, le président des évêques de France a mis en garde contre une « ligne rouge ». La République est laïque mais la société est faite de la sensibilité religieuse ou autre de tous ceux qui la composent. S’il y a un débat dont les politiques ne peuvent pas s’estimer propriétaires exclusifs, c’est bien celui sur la fin de vie. Emmanuel Macron lui-même l’a rappelé dans son discours aux Bernardins : les religions ne dictent pas la loi, mais elles ont le devoir de parler même quand elles dérangent. C’est ce que fait aujourd’hui l’Eglise.
Guillaume Tabard