Le conseil de Paris débat aujourd’hui d’une hausse de 52 % de la taxe foncière. Une polémique supplémentaire pour la maire Anne Hidalgo et un obstacle en plus pour sa réélection en 2026. L’opposition réfléchit déjà à comment mettre fin à l’hégémonie socialiste sur Paris depuis 20 ans.
Avant de jouer la carte de la fiscalité, Anne Hidalgo devrait faire du ménage dans les subventions
Commençons à donner quelques circonstances atténuantes à la maire de Paris. Les impôts locaux s’envolent mais ils étaient parmi les plus bas de France. Ensuite, la taxe foncière augmente dans de très nombreuses grandes villes. Enfin, il est vrai qu’avec le Covid, la crise de l’énergie et l’inflation, les charges des communes se sont elles-mêmes envolées. Mais avant de jouer la carte facile de la fiscalité, n’y a-t-il pas du ménage à faire dans les subventions, qui n’ont pas toutes un rapport évident avec le bien-être des Parisiens ? N’y a-t-il pas une cure d’amaigrissement à infliger à une administration pléthorique ?
A lire aussi
Et puis, surtout, quelle est cette étrange manie d’Anne Hidalgo de faire des promesses tonitruantes qu’elle ne peut pas ou ne veut pas tenir ? A commencer par son engagement dans la présidentielle, bien qu’elle ait déclaré en 2020 : « jamais je ne serai candidate et ça vous pouvez l’archiver ! » On connaît la suite : les électeurs lui ont fait payer sévèrement. Ensuite, lors de la campagne municipale il y a deux ans : « jamais je n’augmenterai les impôts et moi, je tiens mes promesses ». On le voit aujourd’hui. Il faut quand même le dire, ces promesses aussi bravaches que mensongères font beaucoup de mal au crédit déjà pas très élevé de la parole politique.
Marlène Schiappa a déjà lancé une offre d’alliance à la droite parisienne pour 2026
Il est trop tôt pour se demander si Anne Hidalgo payera ces polémiques municipales. Elles sont dans 3 ans et demi. Et puis il y a quelques années, Anne Hidalgo était déjà en grande difficulté. Elle a su rebondir et l’emporter clairement. Le problème pour elle n’est pas tant la somme des critiques (Saccage Paris, les impôts, etc…) que la fin d’un cycle : 4 mandats socialistes (Bertrand Delanoë avant elle) après 4 mandats de droite, avec Jacques Chirac et Jean Tiberi. Il peut donc se passer quelque chose. Tout le monde y pense, chacun y croit et rien n’est clair. A gauche, les Insoumis ne sont pas dans la majorité municipale et ils ont raflé en juin un tiers des sièges de députés. Les Verts, eux, sont alliés à Hidalgo au Conseil de Paris, mais à l’Assemblée, ils sont proches de Mélenchon et rêvent de conquérir la capitale.
A lire aussi
La droite a sauvé les meubles aux dernières municipales avec Rachida Dati mais a été laminée aux législatives. Pour les macronistes, c’est exactement l’inverse : humiliés aux municipales mais vainqueurs aux législatives dans tout l’ouest. L’alternance à Paris serait-elle alors synonyme d’alliance entre la droite et les macronistes ? LR ne l’envisage pas du tout aujourd’hui mais les macronistes commencent à en parler explicitement. hier dans Le Figaro, la ministre Marlène Schiappa a lancé une véritable offre d’alliance à la droite, un peu comme Emmanuel Macron l’a fait au niveau national. Un tel attelage peut paraître à ce jour baroque, mais tous ceux qui veulent tourner la page Hidalgo à Paris commencent à se dire qu’une addition serait plus pertinente qu’une compétition.
Guillaume Tabard