Elisabeth Borne fête déjà un anniversaire : 6 mois à Matignon. Après des débuts très compliqués, la Première ministre a imposé sa marque et a déjà des résultats politiques, avec le passage de plusieurs lois clés. Mais le plus dur reste à venir.
Aujourd’hui, plus personne ne voit Elisabeth Borne comme une intérimaire à Matignon
6 mois ont été suffisants pour que la Première ministre s’impose à Matignon. Et ce n’était pas acquis d’avance. Souvenez-nous : dès le départ, elle fut un deuxième choix puisqu’Emmanuel Macron avait d’abord proposé le poste à Catherine Vautrin. Pour asseoir sa légitimité, il y a mieux. Puis il y eut la déception des législatives et l’absence de majorité absolue. Comment une ministre réputée techno allait pouvoir gérer une situation politique si compliquée ? Certains l’ont estimée trop à gauche pour aller chercher des voix à droite, trop raide pour séduire la gauche, pas assez aguerrie pour exister face à Bruno Le Maire ou Gérald Darmanin et enfin pas assez charismatique pour entraîner les Français. Et puis Elisabeth Borne a tenu. Mieux que ça, elle s’est battue lorsqu’elle a vu venir les tentatives de déstabilisation. Aujourd’hui, personne ne sait combien de temps ça va durer, mais plus personne ne la voit en intérimaire ou en sursitaire à Matignon.
A lire aussi
D’une certaine manière, sa méthode fut de ne pas en avoir. Elle n’a pas cherché à jouer un personnage qu’elle n’était pas. Elle n’a pas la nonchalance élégante d’Edouard Philippe ni le débonnaire un tantinet suranné de Jean Castex. Alors Elisabeth Borne a tout simplement fait du Borne. C’est carré, organisé, endurant, sérieux – un sérieux qui ne recouvre pas totalement d’ailleurs un regard assez caustique, franchement austère dans ses interventions médiatiques. Sans effet de manche, elle a imposé un style. Les débuts du quinquennat ont été lents, très lents. Mais c’est moins la faute de la première ministre que celle d’Emmanuel Macron qui a tardé à entrer dans le vif. En six mois, elle a fait voter des mesures sur le pouvoir d’achat, elle a fait passer le budget et celui de la sécurité sociale – certes à coup de 49-3. Elle a fait voter une réforme de l’assurance-chômage et une loi sur la sécurité va aussi être votée dans les prochains jours.
Retraites, immigration, RSA, lycée pro… Le deuxième semestre va être chargé pour Elisabeth Borne
Mais c’est sur son deuxième semestre qu’Elisabeth Borne va être jugée, car elle va entrer dans le dur. Il y aura notamment deux gros morceaux : la réforme des retraites et la loi sur l’immigration. Il y aura aussi un texte sur les énergies renouvelables sur lequel il ne sera pas évident de trouver une majorité. De plus, l’Elysée aimerait bien qu’elle lance sans tarder deux autres projets qui vont bousculer bien des habitudes acquises : la réforme du RSA, que Macron voudrait voir assorti d’heures de travail ou de formation, et celle du lycée professionnel. Comme le veut la coutume, tout Premier ministre plante un arbre pour ses six mois à Matignon. Elisabeth Borne a ainsi choisi un chêne vert, réputé pour son feuillage persistant et sa résistance aux éléments. Pas besoin d’en dire plus.
Guillaume Tabard