Les militants de LR éliront leur nouveau président dans deux semaines. Si près de l’échéance, on a l’impression que l’événement ne passionne pas les foules, mais il y a tout de même quelques signes positifs pour le parti de droite.
Eric Ciotti, Bruno Retailleau et Aurélien Pradié sont candidats à la présidence des LR
Le parti Les Républicains comptait à peine 50.000 adhérents à l’été, avant le lancement de la campagne. Le 4 décembre, ils seront 91.000 à pouvoir voter. Ce chiffre reste très bas, c’est un plancher historique pour le principal parti de la droite. Mais enfin, alors que l’on répète en boucle que la droite est morte ; alors qu’on apprend qu’une poignée de députés LR veut quitter le groupe à l’Assemblée, une hausse des effectifs c’est à tout le moins un signe de vie. Ils sont trois candidats : Eric Ciotti, Bruno Retailleau et Aurélien Pradié.
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Les trois hommes ont des sensibilités différentes. On peut dire qu’Eric Ciotti est plus sécuritaire et Bruno Retailleau plus conservateur, que la droite vendéenne ce n’est pas la droite Paca. On peut dire que Retailleau a plus de relais chez les élus et Ciotti plus de soutien parmi les militants. On peut dire encore qu’Aurélien Pradié est plus social et plus nouveau. Ils vont débattre lundi 21 novembre sur LCI. Ce sera l’unique débat de cette campagne, on verra donc sur quoi ils se différencient. Mais on est dans le nuancier, et sur la stratégie, ils sont tous les trois sur la même ligne. A savoir : ni alliance avec Macron, ni union des droites. Tous les trois plaident pour des Républicains totalement autonomes.
La droite doit être capable de mettre des idées sur la table, estime Guillaume Tabard
Certains diront qu’à 5 % un parti n’a plus les moyens d’être autonome. D’autres diront, à l’inverse, qu’étant trop faible aujourd’hui pour peser dans une coalition, il faut rester totalement indépendant pour qu’à l’heure où la page Macron se tournera, en 2027, la droite puisse alors être un pôle alternatif. Mais la ligne de conduite face à l’action du gouvernement n’est-elle pas une ligne de fracture à droite ? Sur le fond, il y a plusieurs projets que LR a approuvé et même voté ou que LR va soutenir. Par exemple, elle soutiendra la loi sécurité de Gérald Darmanin et aura du mal à ne pas soutenir une réforme des retraites qui comprendrait bien un report de l’âge légal de départ.
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Une immense majorité veut rester dans une ligne d’opposition globale au chef de l’Etat, et une minorité pense que pour contraindre Macron à basculer à droite, il faut accepter une coalition. Mais il me semble que le problème fondamental de LR est ailleurs. Tant qu’on ne s’intéressera à la droite que pour savoir si elle approuve ou rejette tel ou tel projet du gouvernement, elle ne servira pas à grand-chose. Si la droite veut être entendue, elle doit être capable, elle, de mettre des idées sur la table, de provoquer le débat sur ses propositions à elle. Evidemment, cela demande du travail et de la créativité plutôt que de rester dans le confort mortifère de slogans usés. Ce travail de renouveau s’impose à elle. Comme dirait Charles Trenet, « il suffit pour ça d’un peu d’imagination ».
Guillaume Tabard