Ce 31 décembre, la température moyenne était 8 degrés supérieure à la moyenne de la saison, c’était déjà + 5 degrés à Noël. Cette période de fête a été l’une des plus chaudes en France depuis l’après-guerre. Les arbres s’adaptent, mais seulement à long terme.
Avec le redoux, les scolytes, ces insectes qui attaquent les arbres, survivent en hiver
Dans ce contexte de redoux hivernal, les végétaux et particulièrement les arbres voient leurs cycles bouleversés par ces températures printanières. Thierry Gauquelin, chercheur à l’Institut Méditerranéen de Biodiversité et d’Écologie Marine et Continentale explique que les feuilles vont commencer à sortir des bourgeons : « Le risque est alors qu’il y aient des gelées tardives qui détruisent complètement ces feuilles qui se sont développées trop précocement ». Même si l’arbre ne va pas mourir, « on peut imaginer que toute la saison de végétation de l’arbre soit compromise », poursuit le scientifique.
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Autre conséquence néfaste pour les arbres de cette hausse des températures, plus indirecte cette fois, une modification de la biodiversité. Certains nuisibles qui auraient pu être tués par le gel y échappent : « La douceur peut provoquer une meilleure survie des scolytes en hiver, ces insectes qui ont attaqué les épicéas dans l’Est de la France », précise Thierry Gauquelin. Les forêts et les arbres ont la capacité de s’adapter à ces changements climatiques , mais seulement à long terme, par une sorte de sélection naturelle des arbres les plus robustes.
L’ONF a planté des hêtres du sud de la France à Verdun pour créer un mélange génétique
En attendant l’Office National des Forêts tente d’adapter sa politique de gestion des massifs forestiers avec une diversification des essences et des migrations assistées. Régine Touffait ingénieure forestière à l’ONF, indique que les hêtres de la Sainte-Baume (Var) implantés à Verdun (Meuse) vont s’hybrider avec les hêtres déjà en place : « ce mélange génétique va entraîner chez les descendants des caractéristiques des arbres du sud de la France, plus adaptés à des températures plus chaudes et à des précipitations moindres ». Mais l’ONF observe également attentivement la manière dont la forêt évolue librement dans certains espaces boisés sans aucune intervention pour mesurer sa capacité de résistance.
Marc Teddé