Alors que les membres de l’Union européenne devaient tomber d’accord sur la fin de la voiture thermique en 2035, les discussions entre les différents pays durant la nuit du 28 au 29 juin ont été houleuses. Ces tensions sont symptomatiques de nombreuses interrogations autour de la faisabilité de ce projet, et ont donc entrainé un accord de façade qui comporte de nombreuses conditions.
Cet accord préserve l’intention essentielle mais comporte des exceptions qui compliquent un peu le tout
L’Europe a trouvé un accord au milieu de la nuit sur l’interdiction des ventes de voitures dites thermiques en 2035. Pourtant tout n’a pas été simple. Les ministres européens devaient interdire la vente d’ici un peu plus de 10 ans de toutes les voitures neuves avec un moteur à explosion. Mais les Européens sont en fait si divisés sur le sujet qu’ils sont finalement tombés sur un accord de façade contraignant. Cet accord préserve l’intention essentielle mais comporte des exceptions qui compliquent un peu le tout. Pour 5 ans de plus les constructeurs de voitures sportives pourront par exemple continuer de vendre des moteurs à essence. C’est ce qu’on appelle l’amendement Ferrari. Les Allemands ont également imposé qu’on garde ouverte la porte de l’essence si on arrive à développer d’ici 2035 des nouveaux carburants de synthèse qui polluent moins. C’est donc une interdiction avec de nombreuses conditions.
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Il est difficile de faire émerger un consensus car ce sujet illustre toute la différence qu’il y a entre le discours, les belles intentions, et la réalité de la mise en pratique. Sur le papier, tout le monde est pour lutter contre le réchauffement climatique. Pourtant quand on doit atteindre l’objectif et quand on passe aux solutions pour y arriver, tout devient plus compliqué. Interdire la vente de voitures neuves carburant à l’essence en 2035, c’est très beau sur le papier mais dans la vraie vie cela soulève plein de problèmes. Quel sera l’impact économique pour ceux qui fabriquent des voitures ou des pièces pour les moteurs à essence ? Quel sera l’impact sur nos constructeurs européens ? Il y a également plein de questions sans réponses. Est-on sûr qu’on aura assez de batteries dont la fabrication ne sera pas trop polluante ? Peut-on assurer qu’il y aura assez de bornes de recharge, et garantir que le prix des véhicules électriques baissera ? Est-ce bon pour la planète de nous pousser à acheter de nouvelles voitures et à jeter des voitures qui roulent encore parce qu’elles ne sont pas électriques ? Au moment où il faut s’engager on se rend compte que c’est compliqué. Alors, les discussions coincent, ou elles créent des tensions.
Quel sera l’impact économique pour ceux qui fabriquent des voitures ou des pièces pour les moteurs à essence ?
On aurait pu effectivement s’y prendre autrement. Ce qui est vrai c’est que si on ne met pas la pression sur les entreprises, si on ne crée pas une tension réglementaire et s’il n’y a pas une forme de coercition, les entreprises auront tendance à vouloir prendre leur temps même si leur but n’est pas de nous polluer. Si on veut que les choses bougent, il faut créer de la contrainte qui oblige à bouger. Pourtant, si on les force à bouger par idéologie, si on oublie d’apporter des faits et des chiffres et si on n’objective pas le débat, on crée forcément des tensions. Sur ce sujet on a un peu pris le problème à l’envers. On a commencé par interdire la vente de voitures thermiques en 2035 et ce n’est qu’après qu’on s’est demandé si c’était réaliste. Comme ça ne l’est pas vraiment, on a du mal à se mettre d’accord.
David Barroux