Pourquoi la Norvège détient le record des ventes de voitures électriques

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Deux voitures sur trois vendues en Norvège sont électriques ! C’est un record mondial, et on parle là, non pas des ventes instantanées, ou sur un mois, mais bien de l’ensemble de l’année 2021. 64,5% des voitures vendues en Norvège étaient entièrement électriques. Précision importante, ça n’inclut donc même pas les hybrides. Pour ce pays de 5 millions d’habitants, cela représente 114.000 voitures électriques.

La Model 3 de Tesla s’est arrachée, avec 20 000 exemplaires vendus en 2021

La Norvège a pris depuis longtemps la tête de la course mondiale à l’électrification de son parc automobile, mais là c’est encore un bond en avant spectaculaire, 10 points de plus en un an, puisqu’on était à 54,3% en 2020. La Model 3, qui est la voiture la moins chère de la gamme de Tesla, s’est particulièrement arrachée, 20.000 exemplaires soit 11% du marché. Et derrière on trouve la Volkswagen ID.4, mais aussi une autre Tesla, la Model Y, puis la Ford Mustang Mach-E, ou encore l’Audi e-tron. Ce qui explique le faramineux volume de ventes d’électrique en Norvège, c’est d’abord un boom des ventes de voitures tout court, 176.000 en 2021, alors qu’on tournait autour de 140.000 ces trois dernières années. C’est un effet reprise, qui profite davantage aux motorisations d’avenir.

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Car c’est là la raison plus fondamentale, l’objectif politique ferme et de longue date que s’est donné la Norvège : toutes les voitures vendues doivent être électriques en 2025, on est tout proche de l’échéance. 2025, c’est bien plus ambitieux que ce qu’a décidé la Commission européenne (la Norvège n’est pas dans l’UE) qui vise 2035. Pour ça, en Norvège, l’électrique est très favorisé. La fiscalité est quasiment inexistante sur ces véhicules, alors que les voitures essence ou diesel sont lourdement taxées. Pour reprendre l’exemple de la la Tesla Model 3, elle coûte l’équivalent de 31 000 euros en Norvège, alors qu’elle est, toutes taxes comprises, à 44 000 euros en France. Mais ça ne s’arrête pas là : les péages urbains sont gratuits tout comme les ferrys et le stationnement sur les parkings publics, sans parler du fait que les conducteurs de voitures électriques ont pu circuler dans les couloirs de bus pendant des années, ce qui a été assez incitatif mais avait bien sûr vocation à s’arrêter à mesure que le parc se convertissait.

 

Bornes de recharge : on en compte plus de 700 000 chez les particuliers et les entreprises

Si la Norvège l’a fait, pourrait-on arriver à cette proportion de voitures électriques en France ? Oui, nous pourrions le faire, et d’ailleurs nous y arriverons, parce que la Commission européenne en a décidé ainsi, d’ici 13 ans. Je passe rapidement sur les écueils habituellement évoqués. Le premier : on manque de bornes de recharge. Et le deuxième : on manque d’autonomie, dans une voiture électrique. Deux problèmes, majeurs, qui sont enfin en train de se débloquer. Il y a comme un déclic, du côté des stations de recharge. Avec les acteurs traditionnels du carburant, mais aussi des électriciens comme EDF, des grandes entreprises sur les parkings de leurs différents sites… Tous annoncent des milliers de bornes, et même si l’objectif des 100 000 points de recharge sur l’espace public fin 2021 n’a pas été atteint, il le sera d’ici quelques mois, et dans le même temps, on compte plus de 700 000 points de recharge chez les particuliers et les entreprises.

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Pour ce qui est de l’autonomie, là aussi ça progresse, l’enjeu clé est la capacité des batteries. Ca progresse plus lentement que ce qu’on voudrait, et les meilleurs scores sont réservés aux modèles les plus onéreux. Ensuite il y a les subventions. Les bonus électriques à la française ont une fâcheuse tendance à varier d’une année à l’autre, et à avoir une date de fin, alors que la stabilité fiscale serait favorable. Il y a un problème de prix, on l’a vu. Un problème d’offre, aussi, car il faut produire assez. La Norvège, c’est un marché 12 fois plus petit que celui de la France, où l’on vendait plus de deux millions de voitures chaque année avant la pandémie. Cette situation norvégienne peut quand même nous amener quelques enseignements. Un paradoxe d’abord : la Norvège plus gros producteur d’hydrocarbures d’Europe, avec de grands champs pétroliers et gaziers en mer du Nord. Ce qui illustre qu’on peut être un champion sur un produit bien précis (le pétrole ou le gaz) sans forcément avoir une base de demande intérieure forte. Cela signifie aussi qu’on peut préparer l’avenir en se tournant vers l’électrique, d’une part très en avance sur le reste du monde, et d’autre part sans attendre d’y être contraint. Et puis il ne vous a pas échappé qu’il fait un peu plus froid en Norvège qu’en France. Preuve que le froid n’est pas un sujet bloquant pour les batteries.

François Geffrier

Ecoutez la chronique de François Geffrier (à 3′) :

 

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