Automobile : Avec Mobilize, Renault veut s’imposer sur le marché de la location

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Renault veut s’orienter vers la vente de services. Avec sa nouvelle entité Mobilize, le groupe français veut devenir l’un des acteurs majeurs de la location longue durée. Si le constructeur semble armé pour bien figurer sur ce marché, la concurrence sera rude.

Historiquement, la vente de services a toujours été plus rentable

Si Renault vendait des voitures, le groupe français veut désormais vendre des services. Le groupe veut évidemment continuer de vendre des voitures à ceux qui désirent être propriétaires mais il prévoit en plus de vendre des services à ceux qui pensent davantage à la fonction qu’à l’objet. En somme, il y a des clients qui sont de moins en moins dans la possession et de plus en plus dans l’usage. C’est une tendance qu’on retrouve dans d’autres secteurs. Dans la musique ou le cinéma on achetait des CD ou des DVD. Aujourd’hui on s’abonne à Deezer ou Netflix. Dans la livraison, on payait souvent à l’unité. Aujourd’hui on achète des forfaits illimités. Dans le secteur automobile, il y a donc le même virage. Avec sa nouvelle entité Mobilize, Renault veut concevoir des modèles et des services spécialement adaptés. On va vous proposer de la location à la carte, d’une durée plus ou moins longue, des formules d’abonnement, du financement, de l’entretien et des assurances. On va rouler mais autrement.

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Le premier intérêt de tels services est de répondre à une demande bien présente. Il y a des consommateurs qui ne veulent pas forcément une voiture tous les jours, il y en a d’autres qui ne veulent pas se fatiguer avec l’entretien ou le crédit. Il ne faut pas oublier les acteurs économiques comme les VTC, les livreurs, les artisans qui ont des besoins spécifiques. Ensuite historiquement, la vente de services a toujours été plus rentable, beaucoup de constructeurs font l’essentiel de leur marge sur le financement grâce au crédit. La vente de services peut aussi davantage résister aux aléas de la conjoncture, on dit que c’est plus résilient car le client est engagé sur la durée, ce n’est pas un achat ponctuel qui peut être repoussé. Enfin, sur la durée de vie d’un véhicule, cela peut être plus rentable de le louer de nombreuses fois à des gens différents plutôt que de le vendre juste une fois. Mathématiquement, on fait plus de chiffre d’affaires par voiture.

Renault souhaite que les services occupent 20% de son chiffre d’affaires d’ici 2030

On peut alors se demander si Renault est bien armé pour attaquer ce marché. Certes, le groupe a des atouts. Il sait grâce à Dacia faire des voitures peu chères et robustes qui peuvent intéresser des flottes. Il prépare des modèles spécifiquement pensés pour des clients précis, comme une berline pour les VTC. C’est un moyen de se différencier.  L’objectif c’est que les services passent de 6 à 20% de son chiffre d’affaires d’ici 2030. C’est un marché en croissance mais c’est ambitieux et il y a de la concurrence. On pense d’abord aux géants de la tech qui sont très riches, aux start-up qui vont lever des millions et enfin aux concurrents comme Stellantis ou Volkswagen qui ont plus de moyens et de l’avance. Volkswagen a ainsi racheté Europcar pour 2,5 milliards d’euros pour se développer dans les services en partant de la location. Stellantis vient de reprendre les activités de Mercedes et BMW dans l’autopartage pour atteindre plus vite la taille critique. La clef sera donc l’agilité. Il faudra être plus malin que la concurrence pour mieux cerner et répondre aux attentes du marché.

David Barroux 

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