De nombreux experts prédisaient une catastrophe sur le marché des start-up. Quand l’économie ralentit, quand les taux d’intérêts grimpent et que les marchés boursiers sont secoués, ce n’est pas très bon pour les jeunes pousses. Mais la French Tech a déjoué les pronostics…
En France, les levées de fonds de start-up ont progressé de 16%
Il est plus difficile de lever des fonds dans un contexte financier agité et c’est plus compliqué de lancer de nouveaux produits ou services quand les consommateurs ou les entreprises commencent à se serrer la ceinture. Tout devait donc être réuni pour que les valorisations et les levées de fonds de la French Tech se retournent. Mais on a fait mieux qu’échapper à la catastrophe redoutée : cela peut même sembler incroyable, mais la France est un des rares pays où les levées de fonds ont progressé l’an dernier. On affiche un joli +16%, alors que les financements reculent à deux chiffres presque partout, de -30% aux Etats-Unis à -38% en Allemagne. On est même devenu le premier marché d’Europe continentale devant l’Allemagne, à 13,5 milliards selon les chiffres du baromètre Ernst & Young. En Europe, seul le Royaume-Uni fait mieux en levant presque deux fois plus mais il a toujours été loin devant.
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L’année 2023 sera sans doute compliquée, avec des valorisations en baisse
Comment s’explique cette bonne santé de l’écosystème français ? Il faut l’avouer, l’année a été coupée en deux : les levées de fonds ont progressé de 63% au premier semestre et baissé de 21% au second semestre. On a commencé très fort et fini doucement. De gros financements ont été négociés fin 2021 chez BackMarket, Qonto ou d’autres, mais ils n’ont été conclus et annoncés que début 2022. Ceci dit, c’est aussi le reflet du dynamisme et de la diversité de notre écosystème. On n’est pas au niveau des Anglais ou des Américains mais on a des ingénieurs et des entrepreneurs qui tentent leur chance dans plein de domaines. Dans les services, le logiciel, la cleantech, la fintech et même ce qu’on appelle les start-up industrielles. On ne dépend pas que d’un seul secteur. L’Allemagne, elle, dépend par exemple énormément des biotechs. Mais il faut rester prudent. L’année 2023 sera sans doute compliquée. Les valorisations vont baisser. De nombreuses start-up vont devoir faire des plans d’économie pour ne pas brûler trop de cash. Certaines vont être obligées de se vendre. Mais on a aujourd’hui des entrepreneurs qui voient grand. Ils ont dès le départ des ambitions mondiales et ne cherchent pas à copier une idée et à revendre leur entreprise. On a une forêt de start-up qui grandissent.
David Barroux