Le taux d’usure, qui fixe le taux maximum des crédits immobiliers sera bientôt revu tous les mois au lieu de tous les trimestres. La Banque de France devrait l’annoncer la semaine prochaine sous la pression des banques et des professionnels de l’immobilier.
De nombreux Français exclus de l’accession à la propriété ?
Sur le papier, cela ressemble beaucoup à une bonne nouvelle, car cette décision va fluidifier un marché immobilier qui fait du stop and go [qui ralentit et qui repart] depuis des mois pour des raisons réglementaires. Concrètement, dans un contexte de remontée rapide des taux d’intérêt par la BCE, les banques bloquent régulièrement l’attribution de crédits immobiliers faute de pouvoir proposer des taux conformes aux conditions de marché. Elles attendent en fait que le juge de paix du secteur, le taux d’usure, soit relevé en fin de trimestre pour rouvrir les vannes. En le révisant chaque mois, la Banque de France va permettre aux banques de réajuster leurs offres plus rapidement, de quoi répondre dans des délais raisonnables aux candidats à l’achat d’un bien immobilier. Et satisfaire au passage le gouvernement qui redoute que le marché du logement ne se grippe dans un contexte social déjà tendu.
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Une mesure qui va nuire au climat social et au marché du logement
Comme souvent, l’enfer est pavé de bonnes intentions. En fait, la conséquence de cette mesure, prise de manière temporaire semble-t-il, c’est qu’elle va exclure de nombreux Français de l’accession à la propriété, pour une raison simple. Avec les règles actuelles, les ménages peuvent emprunter moins cher que l’Etat. A un peu plus de 2% aujourd’hui pour une durée de 10 ans, alors que le Trésor lui, soumis aux humeurs du marché, doit payer ce mois-ci entre 2,7% et 3%. Demain, cette différence s’estompera, puisqu’en supprimant l’amortisseur de la révision trimestrielle du taux d’usure, la réforme va se traduire par une accélération de la hausse des taux du crédit immobilier. Les emprunteurs les moins aisés, c’est-à-dire les primo-accédants pour l’essentiel, seront donc encore plus nombreux à être recalés par les banques. Ce qui sera tout sauf bon pour le climat social et le marché du logement.
François Vidal