On évoque souvent la crise de l’automobile. Mais dans le transport routier, les vendeurs de camions sont aussi à la peine, avec une forte baisse des ventes. Comment expliquer ce recul du marché ?
Le manque de semi-conducteurs a pesé sur le secteur du transport routier
Les routiers ou plutôt les sociétés de transport routiers ont effectivement le blues. Pour l’instant l’économie a tenu, il y a une demande forte dans le transport de marchandises. Les prix ont progressé plus vite que l’inflation. Normalement, tout devrait être réuni pour que le marché du 19 ou 44 tonnes soit à la fête, mais ce n’est pas le cas. Les ventes ont chuté de plus de 10% sur presque tous les segments. On a vendu à peine plus de 44.000 camions l’an dernier en France. Et les ventes d’utilitaires légers, le véhicules de moins de 5 tonnes de charge utile, se sont effondrées de presque 20%. On sera un peu au-dessus de 350.000 VU sur toute l’année 2022, c’est le point le plus bas depuis 1997.
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C’est à la fois un problème d’offre et de demande. Sur l’offre, les fabricants de camions, comme ceux d’automobiles, ont été pénalisés par le manque de semi-conducteurs. Ils n’ont pas pu produire autant de véhicules que souhaité. Et ceux qu’ils ont fabriqué étaient souvent les plus haut de gamme, les plus chers de 20 à 30% par rapport aux prix d’il y a un an ou deux. Ce n’est pas forcément ce que voulaient tous les clients. Sur le front de la demande, les transporteurs sont aussi un peu pris en sandwich entre des délais de livraisons très longs et des incertitudes sur la conjoncture économique en 2023. Faut-il commander des camions si demain on est en crise ? Surtout qu’il manque des chauffeurs routiers.
Les Zones à Faibles Emissions vont se développer, une mauvaise nouvelle pour les routiers
Les vieux camions roulent encore pour transporter les marchandises, mais économiquement, ce n’est pas une très bonne nouvelle. Il y a en France des constructeurs de camions et de véhicules utilitaires, et des carrossiers qui adaptent des véhicules aux demandes spécifiques des clients. Un marché qui tousse, c’est tout un écosystème qui tombe malade. Ensuite, dans le transport, c’est toujours mieux pour l’environnement quand de nouveaux modèles moins polluants remplacent des modèles anciens. Enfin, le transport de marchandises est dans une phase de transition. Les ZFE, les zones de faibles émissions, vont se développer. L’électrification est lancée sur une partie du parc. Mais pour réussir cette transition écologique, il faut des entreprises en forme qui passent des commandes. Aujourd’hui, on est plutôt dans une forme de surplace.
David Barroux