Citroën parie sur l’Inde pour produire une voiture électrique low-cost

Nicolò Campo/Sipa USA/SIPA

L’année prochaine, Citroën pourrait vendre en Europe une voiture électrique low-cost fabriquée en Inde. Comme Renault, le patron de Stellantis Carlos Tavares choisit de délocaliser pour rester dans la course à l’électrique.

Aux yeux de Carlos Tavares, il faut délocaliser pour produire du low-cost

Pour l’instant, ce n’est qu’une idée, pas un projet validé. Mais cette piste est sérieusement explorée par Carlos Tavares, patron de Stellantis, le gigantesque groupe auto qui contrôle entre autres la marque aux chevrons. Tavares est un patron à la fois ambitieux, déterminé, pragmatique et réaliste. Il sait que dans les années qui viennent, le marché automobile européen va être de plus en plus tiré par la vente de modèles électriques. Le gros du marché en volume ne sera pas constitué de bolides de luxe hors de prix ou de haut de gamme. Une voiture pour la classe moyenne doit rester abordable, c’est-à-dire à la fois pas trop chère pour séduire des clients mais avec des coûts de production peu élevés pour dégager une marge. Si Tavares veut capter une bonne part de la demande avec Citroën, il lui faut les bons produits au bon prix. A cet égard, l’Europe n’est pas connue pour sa compétitivité sur le front industriel. Produire sur le Vieux continent est cher. Si, en plus, vous voulez vendre des voitures électriques qui sont bien plus coûteuses que les modèles à essence, vous êtes face à un problème. Si vous produisez en Europe, vous risquez de n’avoir à proposer que des voitures chères et vous ne pourrez vous concentrer que sur le segment premium. Aux yeux de Tavares, si on veut faire du low-cost, il faut délocaliser.

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L’industrie, ce n’est pas de la poésie : c’est de la concurrence. Et les rivaux de Stellantis produisent déjà en Chine de façon compétitive. Je ne parle pas que des constructeurs chinois : il y a aussi Renault qui assemble en Chine sa Dacia Spring. C’est la voiture électrique la moins cher d’Europe, avec moins de 21.000 euros. Et ça marche bien puisque Dacia en a vendu 26.000 en Europe sur les neuf premiers mois de l’année. Stellantis n’a pas de vraie base industrielle en Chine, par contre il est en train de relancer Citroën en Inde. Il possède une usine et des fournisseurs locaux. Son modèle de C3 électrique, commercialisé là-bas au printemps prochain, coûtera 7 à 10.000 euros. Citroën pourrait donc rajouter un peu d’équipements pour un modèle européen et ça serait une manière d’avoir une offre compétitive en Europe. Mais c’est aussi sans doute une façon de mettre la pression sur les responsables européens. Tavares leur dit « si vous n’accordez pas des aides à ceux qui produisent en Europe, on produira ailleurs ». C’est un peu « retenez-moi ou je fais un malheur ».

David Barroux

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