Pénurie de médicaments : Pourquoi les pharmacies n’arrivent plus à s’approvisionner

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Les pénuries dans les pharmacies préoccupent de plus en plus les Français et le gouvernement. Près de 1.100 types de médicaments sont actuellement en rupture de stock.

La demande de médicaments a flambé avec la fin du port du masque

On sait qu’il y a des ruptures de stocks sur des médicaments aussi basiques que le Doliprane pour enfants, ce qui pousse les Français à se préoccuper des problèmes de pénuries. Mais il faut commencer par rappeler qu’il y a des pénuries ponctuelles tous les ans. Ensuite, quand un médicament manque, il y a souvent des traitements de substitution. Parfois, il manque la boîte de 30 mais il reste celle de 15 comprimés, ou celle d’une autre marque. Cette année, il y a plus de risques de pénuries que d’habitude. L’an dernier on avait eu sur l’ensemble de l’année 900 situations de ruptures signalées. Cette année on est déjà à presque 1.100. Les alertes lancées par les producteurs s’élèvent d’ordinaire à plus de 2.000 fois par an auprès de l’Agence du Médicament. Aujourd’hui, on est déjà à plus de 3.000. Et le taux de tension, qui représente la difficulté pour une pharmacie à s’approvisionner en une semaine, est passé d’une moyenne de 7 à 8% des médicaments en temps normal, au double.

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Si nous manquons actuellement de certains médicaments, c’est parce qu’on en consomme plus et surtout plus que prévu. La demande dépasse l’offre et la raison. Les masques sont tombés et la transmission de maladies augmente. Ensuite, les industriels prudents avaient réduit leurs stocks quand la demande a chuté pendant les confinements et ils ont mal anticipé le redémarrage de la demande. Ainsi, dans une période tendue pour l’approvisionnement en carton ou en flaconnages en verre, ils ont été un peu pris par surprise et ils ont du mal à augmenter brutalement la production.

L’industrie pharmaceutique a délaissé la France pour investir en Chine et en Inde

Le problème actuel est conjoncturel mais reflète aussi une faiblesse structurelle. Pour différentes raisons, on a laissé la base industrielle de la pharmacie se délocaliser. Pour ce qu’on appelle les principes actifs, les ingrédients de base des médicaments que l’on doit ensuite mélanger, on a laissé cette partie de l’industrie partir essentiellement en Chine et en Inde. On a aussi moins investi depuis des années dans notre outil industriel pharmaceutique car les géants de la pharmacie se plaignent de coûts de production très élevés en France et de la Sécurité sociale qui ne veut pas que les prix des médicaments soient trop élevés. Il y a une pression à la baisse permanente. En conséquence, ce qu’on appelle Big Pharma préfère souvent investir ailleurs. Dire aux groupes de pharmacie qu’on les aime et qu’on a besoin d’eux quand on est en crise ne suffit pas. L’amour s’entretient et surtout il faut des preuves d’amour. Et des preuves répétées.

David Barroux

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