La pénurie actuelle de médicaments inquiète les professionnels de santé. En moyenne, chaque officine a plus de 100 produits non approvisionnés par mois. Une situation intenable, dénoncent pharmaciens et docteurs.
Ce mois-ci, 12% de médicaments sont introuvables dans les pharmacies
Dans son officine d’Albi dans le Tarn, Bernard Champenet n’arrive plus à se procurer 262 références de médicaments. Il avait pourtant passé commande en début du mois mais la rupture de stock est totale. Des produits aussi variés que des antidiabétiques, des hypertenseurs, ou même des antibiotiques manquent à l’appel. « Par exemple, l’amoxyciline pour les enfants ne se trouve plus qu’en sirop : nous n’avons pas de molécules de repli pour satisfaire nos patients », explique Bernard Champenet. Le praticien insiste que cette pénurie touche toutes les pharmacies. Forcément, la relation avec le client se complique au fil des semaines. « Il faut leur dire d’attendre, de prendre un quart de comprimés… ça devient ingérable et ca génère aussi une forme de panique ! », alerte-t-il.
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Depuis octobre, ces pénuries se généralisent. Les références qui manquent ont doublé par rapport à la même période de l’an dernier et désormais 12 % de médicaments sont introuvables. La crise énergétique est responsable mais aussi les délocalisations de production des molécules vers l’Inde ou l’Asie, qui se sont multipliées ces dernières années. Résultat : en moyenne, chaque officine a plus d’une centaine de médicaments non approvisionnés par mois.
Cette pénurie est due à la délocalisation des laboratoires à l’étranger, regrette Jérôme Marty
Les pharmaciens composent comme ils peuvent et tentent de trouver des molécules similaires pour les patients. Dans son cabinet de Toulouse, le docteur Jérôme Marty reçoit quotidiennement des appels des officines. Cette situation est la « conséquence d’une politique qui a fait partir les laboratoires, avec une fabrication des médicaments génériques à l’étranger », regrette-t-il. Cette « politique du flux tendu », selon lui, révèle ses faiblesses avec les difficultés actuelles en terme d’énergie et de transport. Une des pistes envisagées par le gouvernement pour freiner les pénuries serait le déconditionnement : c’est-à-dire, dans certains cas, ne donner au patient que le nombre de médicaments nécessaires à la durée du traitement et non plus une boite entière.
Rémi Pfister
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