La consommation d’antibiotiques est repartie à la hausse en 2021. Ces médicaments fragilisent la flore intestinale et augmentent l’antibiorésistance. Santé Publique France sonne l’alerte et veut stopper les prescriptions abusives, notamment aux jeunes enfants.
Les prescriptions d’antibiotiques ont augmenté de 10% en 2021
« Les antibiotiques, c’est pas automatique ». Ce slogan d’un spot de la Sécurité sociale de 2009 reste plus que jamais d’actualité. Il y a trop d’antibiotiques prescrits aux jeunes enfants, s’alarme Santé publique France. Pourtant, depuis dix ans, la consommation d’antibiotiques baissait régulièrement en France. Mais l’abandon des gestes barrières après les deux confinements et le retour des infections hivernales ont fait repartir les prescriptions, en particulier chez les enfants de 0 à 4 ans. Environ 700 prescriptions pour 1.000 habitants ont été réalisées en 2021, soit 10% de plus que l’année précédente.
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Encore près de 3 Français sur 4 pensent que les antibiotiques sont efficaces contre la bronchite et 1 sur 2 contre la grippe. Cependant, ces médicaments combattent uniquement les bactéries, pas les virus. Mais pour le pédiatre François-Marie Caron, les médecins généralistes cèdent parfois à la pression des parents, qui « pensent que la maladie se poursuit car on n’a pas reçu d’antibiotiques ». Cela conduit à reconsulter « 3 jours après » et à obtenir une prescription, « alors que la toux se termine ». Donner ces médicaments est une « défense personnelle » du médecin, poursuit-il, qui n’a, de toute manière, « plus le temps de faire de prévention ».
Les antibiotiques rendent plus sensibles aux infections intestinales
Prendre trop souvent des antibiotiques n’est pas sans danger. En plus de rendre les bactéries plus résistantes aux traitements, cela peut avoir des conséquences irréversibles sur la flore intestinale à la petite enfance, explique Philippe Glaser, chercheur à l’Institut Pasteur : « si on en consomme trop, on risque de perturber les bactéries dans le tube digestif ». Cela entraîne une « plus grande susceptibilité aux infections », car ces bactéries ont normalement un « effet barrière ». L’OMS le rappelle : la France reste une des mauvaises élèves de l’Europe en matière de surprescription d’antibiotiques. Elle est en quatrième position, derrière la Grèce, la Roumanie et la Bulgarie. L’antibiorésistance pourrait même devenir la première cause de mortalité dans le monde d‘ici une trentaine d’années, avec 10 millions de décès par an, selon un rapport des Nations Unies.
Rémi Pfister
Retrouvez le reportage de Rémi Pfister à partir de 02:20