Thierry Vimal, écrivain et père d’une victime de l’attentat de Nice, était l’invité de la matinale de Radio Classique. Il revient sur le début du procès, marqué par le débat sur le dispositif de sécurité et le prélèvement d’organes des victimes.
Seulement 3 des 8 accusés sont poursuivis pour association de malfaiteurs terroristes
Les auditions des parties civiles du procès de l’attentat de Nice se sont achevées le 21 octobre. Ce mardi, l’audience reprend pour traiter de Mohamed Lahouaiej Bouhlel, le conducteur du camion qui a tué 86 personnes dont 15 mineurs sur la Promenade des Anglais. L’écrivain Thierry Vimal, qui a dédié un livre en 2019 à sa fille de 12 ans décédée dans l’attentat, s’est intéressé au procès après l’avoir ignoré dans un premier temps : « il permet à beaucoup de victimes de parler, c’est très précieux, même si on n’a pas grand-chose du côté des accusés », regrette-t-il. Hormis le conducteur abattu, aucun des 8 suspects n’est accusé de terrorisme. 3 d’entre eux sont accusés d’association de malfaiteurs terroristes, « des gens qui ont participé sans le savoir », en participant à la radicalisation du terroriste et en fournissant des armes. Thierry Vimal remarque que certaines peines seront minces : il prend l’exemple d’un « petit délinquant Albanais », menacé de 6 mois de prison avec sursis pour avoir participé à la vente de l’arme : « c’est le comble de l’absurde ».
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Christian Estrosi a nié toute défaillance du système de sécurité de la ville pendant l’attentat de Nice
Le procès s’est ouvert sur la question du dispositif de sécurité de la ville de Nice, « ce qui n’était pas prévu », se satisfait l’écrivain. Jeudi dernier, le maire Christian Estrosi a nié toute défaillance des caméras, qui n’ont pas de reconnaissance automatisée et qui sont censés servir « après coup » à identifier les coupables. Mais celles-ci ont perdu la trace du camion le soir-même, ce qui montre leur échec, objecte l’écrivain. « Ces caméras sont comme des jouets. Ça apporte un sentiment de sécurité à la population mais pas la sécurité », lâche-t-il. Le deuxième sujet majeur de l’audience a été le prélèvement d’organes sur les corps de 14 victimes, dont la fille de Thierry Vimal, sans que les familles ne soient au courant. Ces opérations, bien que censées servir à l’enquête comme ce fut le cas pour le procès du 13 Novembre, ont mené à des « situations absurdes » pour les familles, remarque l’écrivain : « la mère de mes filles a découvert ça par hasard en 2018. Mais il y a plusieurs familles qui ont appris ça à l’audience ».
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L’écrivain se dit encore aujourd’hui très marqué par cet attentat, « le plus dégueulasse de tous ». « Des vieillards, des handicapés, des enfants se sont fait écrabouiller », s’étrangle-t-il. Pendant la cohue, des gens en ont profité pour « piller » les corps, affirme-t-il. « Ça n’a rien d’humain ». Il a co-présidé l’association de victimes pendant un certain temps – le témoignage des 250 parties civiles à la barre a servi d’après lui à créer « un véritable portrait, presque une expérience de ce qu’est un attentat ».
Clément Kasser