L’affaire du meurtre de la petite Lola et ses répercussions font la une des quotidiens ce matin. Le Parisien-Aujourd’hui en France titre sur « L’Onde de choc » et consacre 4 pages à ce monstrueux assassinat d’une fillette de 12 ans il y a 4 jours à Paris.
Dhabia B était sous le coup d’une OQTF, une obligation de quitter le territoire français
Cette affaire soulève plusieurs questions, tout d’abord autour des circonstances de sa mort. C’est « Un crime sans mobile cohérent » comme le titre Libération qui revient sur la version des faits présentée par la suspecte Dahbia B. mise en examen lundi 17 octobre, et qui aurait évoqué un différend avec la mère de la victime. Il y a ensuite le statut et la situation de cette suspecte, ressortissante algérienne de 24 ans, interpellée le 20 août dernier à l’aéroport d’Orly car son titre de séjour comme étudiante délivré en 2016 n’était plus valable. Elle s’était alors vu notifier une obligation de quitter le territoire, une OQTF. Elle avait donc un mois pour quitter d’elle-même la France.
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Ce dispositif administratif dont disposent les préfets oblige une personne à quitter le sol français de son propre gré dans un délai d’un mois, au-delà duquel son non-respect ouvre la voie à une expulsion vers le pays d’origine. En 2019, précise Le Parisien, près de 123 000 OQTF avaient été notifiées mais, dans les faits elles sont très peu appliquées, et au bout de 13 mois deviennent caduques. Le problème vient essentiellement du fait que, pour les départs rapides, la règle est l’assignation à résidence ou le placement en centre de rétention administrative. Or la France ne dispose que de 1.800 places, saturées en permanence. Et c’est précisément sur ce point que s’appuie une partie de la classe politique à droite et à l’extrême droite pour se lancer dans une indécente course à la récupération.
ManifpourLola et JusticepourLola, des noms de domaines achetés par une association proche d’Eric Zemmour
Le voeu de la famille de la petite Lola d’éviter toute récupération politique ne semble pas avoir eu d’echo, surtout à droite de l’échiquier politique qui a très vite lancé sa croisade contre, selon un élu Les Républicains, « la faiblesse et le laxisme de la République qui n’a pas procédé à l’expulsion de la suspecte ». « La suspecte d’un acte barbare n’aurait pas dû se trouver sur notre territoire » a appuyé Marine Le Pen cheffe de file du groupe RN à l’Assemblée Nationale. Dans Le Parisien Marie-Christine Tabet s’élève contre ces « profiteurs de malheur qui, rôdent autour du drame de Lola et de sa famille » et rappelle que dès lundi, une association revendiquant sa proximité avec Éric Zemmour a acheté 3 noms de domaine internet très évocateurs, dont ManifpourLola et JusticepourLola. Dans Le Figaro, Guillaume Tabard, estime que si le meurtre de Lola est bien un sujet politique et qu’Emmanuel Macron s’était engagé à ce que la totalité des OQTF soient exécutées, « il y a un abus à prétendre en faire l’exemple de la faillite d’une politique migratoire. Entre l’amalgame et le déni, il y a la place pour la réflexion, la prise de position et la décision ».
Philippe Gault