Daniel Psenny, ancien journaliste au Monde et rescapé de l’attentat du Bataclan, était l’invité de Guillaume Durand sur Radio Classique ce matin. Il revient sur sa soirée du 13 novembre 2015, lors de laquelle il a été touché par balle, avant d’apporter son commentaire personnel sur le film Novembre de Cédric Jimenez.
Daniel Psenny a pris une balle le 13 novembre 2015 en essayant de sauver les fugitifs du Bataclan
Aujourd’hui en Hongrie, Daniel Psenny, ancien journaliste au Monde a habité pendant 40 ans dans le 11ème arrondissement de Paris au passage Saint-Pierre Amelot, rue qui donne sur les sorties de secours du Bataclan. Le vendredi 13 novembre 2015, la salle est prise d’assaut par les terroristes en plein concert. Daniel Psenny se rappelle comment il a interrompu son téléfilm policier à 21h40 pour se ruer à la fenêtre : « j’ai entendu beaucoup de bruits de pétards, j’ai d’abord cru que c’était dans le film. J’ai ouvert la fenêtre de chez moi et c’était l’horreur et la guerre en bas de chez moi ». Il assiste à la fuite des spectateurs du Bataclan et se met à filmer « pour donner à voir à tout le monde le terrorisme, la peur et la haine ». La situation se calme et Daniel Psenny décide de descendre « ouvrir la porte pour que des gens puissent se réfugier ». Après avoir traîné une personne gisant dans la rue jusqu’à son hall, il risque un dernier coup d’œil dehors à 22h01 : « c’est à ce moment-là que j’ai pris une balle ».
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Le film Novembre de Cédric Jimenez, qui narre la traque des terroristes, intéressait beaucoup Daniel Psenny, qui est allé le voir la semaine dernière. « J’ai été complètement coupé de ce qui se passait [après avoir été touché] car j’ai été hospitalisé et je voulais avoir l’autre point de vue de l’évènement, celui des policiers », explique-t-il. C’est un film « clinique » selon lui, « documentaire » sans tomber dans le « pathos », le tout avec des acteurs « formidables ». Sorti le 5 octobre, Novembre a fait 592.000 entrées en une semaine – un meilleur démarrage que Bac Nord, l’autre réalisation très remarquée de Cédric Jimenez.
Le journaliste affirme avoir « tourné la page » mais il se sent toujours victime dans son corps
Daniel Psenny a pu témoigner le 19 octobre 2021 lors du procès du 13 novembre. Ce fut une « forme de résilience et d’aboutissement » pour le journaliste : « j’ai déposé à la barre tout ce que j’avais, dans un instant très solennel avec les accusés et les avocats et devant le président du tribunal ». Il se souvient particulièrement de sa traversée de la salle des parties civiles. « Il y a une émotion très forte parce que tout le monde est venu témoigner de cette façon », relate-t-il. Lors de l’audience, son documentaire « 22h01 » réalisé par Mustapha Kessous a été diffusé. Celui-ci retrace au plus près l’horrible soirée vécue par le journaliste. Aujourd’hui, Daniel Psenny affirme avoir « tourné la page » mais se sent toujours victime dans son corps. « Ça fait mal mais la vie continue. Tout le monde n’a pas eu cette possibilité dans cet attentat », constate-t-il amèrement. Il voit d’un bon oeil toute réflexion liée aux attentats à travers des écrits ou des films. « Il faut montrer que la mémoire est toujours présente. On n’oublie pas », ajoute-t-il.
Clément Kasser