Alors que le procès de l’attentat de Nice s’ouvre aujourd’hui, les jeunes enfants qui ont survécu à ce drame ont encore des séquelles. C’est le cas de Kenza, qui a aujourd’hui 10 ans et reste traumatisée, selon sa mère.
« J’ai dû me coucher sur ma fille. On a eu de la chance de ne pas avoir été sous les roues du camion »
C’est l’un des attentats les plus meurtriers qu’ait connu la France : le 14 juillet 2016 à Nice, 86 personnes dont 15 enfants perdaient la vie fauchées par un camion de 19 tonnes. Alors que s’ouvre aujourd’hui le procès de la cour d’assise spéciale de Paris, visant 8 accusés dont 3 pour association de malfaiteurs terroriste, les plaies sont toujours béantes chez les familles et surtout chez les enfants. C’est le premier attentat à avoir touché massivement des mineurs – les survivants, comme Kenza, subissent encore aujourd’hui les conséquences de ce drame.
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Depuis l’âge de 4 ans, elle ne vit plus, elle survit. Le 14 juillet 2016, elle achetait des bonbons sur la promenade. Le camion a foncé sur elle et sur Hager, sa mère. « J’ai dû me coucher sur elle. On a eu de la chance de ne pas avoir été sous les roues du camion », témoigne Hager. « On a fini par se relever, mais pas les autres ». Kenza a aujourd’hui 10 ans et elle n’arrive toujours pas a enlever ces images de sa tête. Son traumatisme la hante au quotidien, poursuit Hager : « c’était une enfant heureuse de vivre, qui adorait l’école. Maintenant, elle ne dort plus la nuit et elle a remis des couches parce qu’il y a des moments trop angoissants pour elle. » Hager donne l’exemple d’un camion des espaces verts rentré dans la cour d’école. « Kenza a eu peur et elle s’est urinée dessus devant tout le monde. Les autres enfants se moquent d’elle à cause de ça ».
Plus de 400 mineurs ayant survécu à l’attentat souffrent toujours d’un état de stress post-traumatique
Comme Kenza, 692 mineurs sont toujours suivis à la fondation Lenval de Nice. Selon la psychologue Morgane Gindt, 60% de ces enfants souffrent toujours d’un état de stress post-traumatique. « Des thérapies pour les ados existent, mais en dessous de cette tranche d’âge, c’est un domaine de recherche peu exploré en France », regrette-t-elle. « On est forcément dans l’innovation car il n’y a pas de recommandations réelles ». La psychologue sera particulièrement attentive à ses jeunes patients tout au long des audiences. Elle va notamment lancer une étude pour évaluer l’impact du procès sur leur sommeil.
Elodie Vilfrite
Retrouvez le reportage d’Elodie Vilfrite au début de ce journal