Philippe Duperron, président de l’association 13onze15 Fraternité et vérité, qui réunit les victimes de l’attentat du 13 novembre 2015, était l’invité de Renaud Blanc dans la matinale de Radio Classique ce jeudi 30 juin. Il a salué le verdict rendu hier, après 10 mois de procès : les accusés ont été condamnés à des peines allant de 2 ans de prison à la perpétuité incompressible, pour Salah Abdeslam, le seul membre des commandos encore en vie.
Le juste verdict a été rendu, selon Philippe Duperron
« Nous avons le sentiment d’avoir été entendus », assure Philippe Duperron, président de l’association 13onze15 Fraternité et vérité, et père de Thomas, mort au Bataclan en 2015. Il estime avoir toujours fait confiance à la justice pour décider de la juste peine. « Le vrai sujet était la perpétuité », explique-t-il, « et nous avons l’impression que le verdict rendu hier est bien le juste verdict ». Ce moment a en tous cas été marqué par une « forte intensité émotionnelle et dramatique, qui vient clore toute cette longue procédure », assure l’invité de Renaud Blanc : « cela constitue pour nombre de victimes une forme de soulagement ». Le procès a des vertus réparatrices, selon lui, permettant aux victimes d’être reconnues symboliquement comme telles. Il souligne qu’elles ont pu exprimer la douleur ressentie et leur vécu devant les accusés, devant la cour, sans pour autant que l’on ait assisté au « procès de l’émotion ». La justice n’a pas été gagnée par l’émotion, insiste Philippe Duperron : « les décisions ont été prises par des magistrats professionnels, qui ont respecté strictement l’individualisation des peines ». Il pointe que chaque accusé a bien été évalué pour la responsabilité qu’il avait personnellement dans les actes qui lui étaient reprochés.
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13onze15 Fraternité et vérité va continuer à vivre : « nous sommes là pour perpétuer la mémoire [des victimes]
Il reconnaît toutefois qu’après 10 mois de procès, les victimes ont obtenu très peu de réponses, malgré l’enquête très minutieuse : « il reste le problème des armes, et la question du +pourquoi ?+ ». Concernant enfin l’indemnisation des victimes, Philippe Duperron juge que la nation a trouvé « la moins mauvaise des réponses », estimant que pour déterminer la somme d’argent attribuée à chacun, « le parcours peut s’avérer extrêmement traumatisant ». Il explique que les experts ne font pas toujours preuve de délicatesse ou de bienveillance. Contrairement à l’association Life for Paris qui a annoncé sa dissolution, 13onze15 Fraternité et vérité va continuer à vivre : « nous sommes là pour perpétuer la mémoire [des victimes] et travaillons à prévenir la radicalisation, notamment par des témoignages en milieu scolaire ou dans les prisons ». Alors que le verdict du procès des attentats vient de tomber : « nous continuerons d’avancer », promet-il.
Béatrice Mouedine
