L’épidémie de bronchiolite est en avance d’un mois en France. Très virulent chez les enfants, le virus plombe des services hospitaliers déjà débordés, qui n’ont parfois pas d’autre choix que de transférer des patients à d’autres CHU.
1.500 enfants de moins de deux ans sont déjà passés aux urgences depuis octobre
Courant et très contagieux, la bronchiolite provoque chez les bébés une toux et une respiration difficile, rapide et sifflante. Elle peut nécessiter un passage aux urgences, voire une hospitalisation en réanimation durant plus d’une semaine. En France, 1.500 enfants de moins de deux ans sont déjà passés aux urgences pour cas de bronchiolite depuis le début du mois et ce chiffre augmente de façon exponentielle. Il met déjà certains services pédiatriques en grande difficulté, comme celui de l’hôpital Robert-Debré a Paris. Depuis le début du mois, une quinzaine de bébés de trois semaines ont dû être placés sous assistance respiratoire grâce à une sonde pulmonaire. Ce dispositif demande des lits de réanimation pédiatrique mais sur les 20 que compte habituellement le service, seulement 18 sont ouverts faute de personnel. Une première depuis 25 ans, d’autant plus que la prise en charge d’autres patients très malades doit continuer, rappelle le pédiatre Stéphane Dauger : « entre les maladies infectieuses, neurologiques et les chirurgies, le manque de place nous force de façon quasi-systématique à transférer des patients ».
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L’hôpital réagit en transférant des soignants de pédiatrie vers la réanimation
Les bébés sont parfois transportés jusqu’à plus de 200 kilomètres de Paris car la réanimation pédiatrique, très spécifique, se pratique uniquement en CHU. Ces transferts sont donc nécessaires mais contreproductifs. « Cela mobilise et engorge des équipes », se désole Stéphane Dauger. La qualité de soins s’en retrouve fortement dégradée. « Amener un patient à Rouen ou Orléans rend la présence familiale impossible, ce qui est complètement scandaleux », car c’est contraire aux recommandations internationales pour le bien-être des enfants, poursuit-il. A l’hôpital Robert Debré, une moyenne de 200 patients sont hospitalisés pour bronchiolite entre octobre et février. Mais on redoute que les cas ne soient pas étalés dans le temps cette année. L’hôpital tente de réagir : des soignants de pédiatrie générale sont transférés en réanimation. Le problème est qu’il leur faut 2 mois de formation minimum pour qu’ils soient autonomes…
Rémi Pfister
Réécoutez le reportage de Rémi Pfister à partir de 04:25