Présidentielle : Le financement de la Sécurité sociale, grand absent de la campagne

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C’est un cri d’alarme que lance l’ancien patron de la Sécurité sociale dans les colonnes des Echos. Selon Dominique Libault, le trou de la Sécurité sociale creusé par la pandémie de Covid ne pourra pas être résorbé sans un effort important.

Eric Zemmour propose de créer une police de la Sécurité sociale

 « Il n’y aura plus d’économies durables » explique Dominique Libault, un avertissement qu’il faut prendre très au sérieux. Car les deux ans de crise sanitaire que nous venons de vivre n’ont pas seulement déséquilibré les comptes de notre système de santé. Ils ont aussi changé la donne. Cela veut dire que le déficit abyssal d’une vingtaine de milliards d’euros attendus cette année, ne disparaitra pas comme par enchantement. De l’aveu même d’Olivier Véran, un retour à l’équilibre n’est pas à attendre avant 2030, au mieux. Et cela pour deux raisons. D’abord, parce que les coups de rabot budgétaires, c’est fini ! La réhabilitation de l’hôpital public dans le cadre du Ségur de la santé les interdit. Ensuite, parce que nous allons devoir affronter dans les prochaines années le défi du vieillissement de notre population. En 2030, il y aura 50% de personnes âgées de 75 à 84 ans en plus. Avec ce que cela implique en termes de nouveaux besoins.

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La réforme des retraites ne permettra pas de remettre à flot toutes les branches de la Sécurité sociale

Le sujet du financement de la Sécurité sociale est pourtant absent de la campagne présidentielle. Plusieurs candidats misent sur l’intensification de la lutte contre la fraude sociale pour résorber le déficit. C’est sûr que des progrès sont à faire de ce côté-là. Mais ce n’est pas en créant une police de la Sécurité sociale, comme le propose Eric Zemmour, que nous allons résoudre la question du financement de notre modèle social. De la même manière, la réforme des retraites ne permettra pas de remettre à flot toutes les branches de la Sécurité sociale contrairement à ce qu’espèrent certains. En clair, nous n’échapperons pas à un débat de fond sur le sujet pour définir collectivement les priorités de notre système de santé. S’il pouvait avoir lieu pendant les dernières semaines de la campagne, ce serait préférable, ne serait-ce que pour des raisons démocratiques. Mais si ce n’est pas le cas – ce qui est le plus probable – le sujet sera l’un des premiers que le prochain président devra trancher.

François Vidal 

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