Santé : La pilule contraceptive en vente libre se développe dans le monde

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Une possible révolution est en train de se jouer. Une pilule contraceptive sans ordonnance se développe au niveau mondial, à l’initiative du laboratoire français HRA Pharma. En France, la question est encore assez peu abordée.

Le Royaume-Uni a validé l’année dernière la vente libre de pilules

Au cœur de cette révolution, on trouve un laboratoire français : HRA Pharma. Avec 350 millions d’euros de chiffre d’affaires, c’est un groupe relativement modeste, mais un groupe pionnier. C’est à lui que l’on doit la pilule du lendemain et celle du surlendemain – les 2 seules contraceptions d’urgence sans ordonnance que l’on peut trouver en France. Le laboratoire s’est ensuite mis sur le marché de la contraception régulière en 2015. Depuis, il a cherché à développer la vente libre : c’est chose faite au Royaume-Uni. Le laboratoire a déposé un dossier en 2018, après avoir racheté une pilule vendue dans le pays qui est sans oestrogènes, donc sans risque et sans contre indications. La demande a finalement été acceptée par les autorités britanniques l’année dernière.

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En France, rien ne laisse entrevoir une future autorisation. Le laboratoire français ne dévoile pas ses pays cibles pour éviter la concurrence. Il est donc difficile de savoir, car le monde médical français est plutôt réticent. Certains médecins craignent que la vente libre n’incite les femmes à cesser leur suivi gynécologique. Il n’est pas certain que HRA Pharma tente l’aventure dans son pays d’origine, mais le sujet émerge malgré tout dans l’Hexagone. Le débat mérite effectivement d’exister : rappelons qu’il y a aujourd’hui 30% de grossesses non-désirées en France.

Aux Etats-Unis, certains Etats autorisent les pharmaciens à prescrire la pilule

Ce pourcentage atteint même 45% aux Etats-Unis, autre pays dans lequel le laboratoire français a déposé une demande de vente libre. Ca a été fait au mois de juillet, 3 semaines après la révocation du droit fédéral à l’avortement par la Cour suprême, dû à un hasard du calendrier. Mais le dossier a pris une toute autre ampleur. Le régulateur du médicament devrait donner une réponse au printemps. Les médecins américains défendent ce qu’ils considèrent comme une décision de santé publique pour faire baisser le taux de mortalité des jeunes mères. Aux Etats-Unis, celui-ci est plus élevé que dans les autres pays développés. Les risques liés à la grossesse dépassent donc largement ceux d’une contraception orale. En attendant la décision du gendarme du médicament américain, une vingtaine d’Etats ont adopté une position intermédiaire : autoriser les pharmaciens à prescrire la pilule, comme dans l’Oregon ou en Californie.

Pauline Jacot

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