Liz Truss a démissionné de son poste de Premier ministre après 45 jours à Downing Street. Un record de brièveté ! Dans quel état son successeur, qui devrait être connu dans une semaine, va-t-il trouver le pays ?
Choisi en urgence, le futur Premier ministre britannique aura une légitimité très limitée
Le successeur de Liz Truss trouvera le Royaume-Uni dans un état préoccupant. Car en un peu plus d’un mois au pouvoir, celle qui se présentait comme la nouvelle Margaret Thatcher a réussi une sorte de grand chelem. A son entrée en fonction, le pays souffrait déjà d’une crise économique et sociale profonde, conséquence d’une inflation de 10% au plus haut depuis quarante ans. 45 jours plus tard, elle a réussi l’exploit d’y ajouter un triple choc. Financier et monétaire, d’abord. En annonçant un plan massif de réduction d’impôts non financé, elle a fait fuir les investisseurs, imposant à la Banque d’Angleterre de voler au secours de la Livre et des finances publiques. Politique, ensuite. Son départ, inévitable étant donné l’étendue de son échec, oblige les Conservateurs à choisir en catastrophe un nouveau Premier ministre, le cinquième en six ans, dont la légitimité sera plus que limitée.
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Le fiasco de la parenthèse Liz Truss est aussi celui du Brexit
Son successeur va donc trouver un Royaume-Uni dans une situation très précaire et des Britanniques en proie à une terrible gueule de bois. Car le fiasco de la parenthèse Liz Truss est aussi celui du Brexit. C’est la preuve que contrairement à ce que les partisans de la sortie de l’Union européenne avaient promis, un Royaume-Uni débarrassé du carcan communautaire n’est pas plus libre mais beaucoup plus contraint. C’est la fin du rêve d’un « Singapour sur Tamise » dérégulé et à la fiscalité réduite. Ce qui signifie que le prochain locataire de Downing Street devra réussir la quadrature du cercle. Il lui faudra non seulement soutenir les entreprises et les ménages face au choc de l’inflation, mais aussi donner des gages aux marchés financiers pour restaurer la confiance et enfin fixer un nouveau cap pour le pays. Pas sûr que le scénario d’un éventuel retour aux affaires de Boris Johnson évoqué avec insistance hier soit la meilleure solution pour y parvenir.
François Vidal