Royaume-Uni : Pourquoi la Banque d’Angleterre est intervenue en urgence

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Le Royaume-Uni est en proie à une véritable tempête financière. Le plan de relance fiscale présentée par Liz Truss a suscité la crainte des marchés financiers, notamment à cause des réductions d’impôts envisagées. La Banque d’Angleterre et son gouverneur Andrew Bailey sont intervenus en urgence mais le programme de rachat d’obligations ne devrait pas suffire.

Même le FMI a demandé au Royaume-Uni de revoir sa copie

Depuis l’annonce par le gouvernement Truss d’un plan massif de réduction d’impôts, la livre sterling est en chute libre et les coûts d’emprunt de la dette britannique se sont envolés. Cette situation a obligé la Banque d’Angleterre à intervenir en urgence hier pour ramener le calme sur les marchés. Mais cette accalmie n’aura rien de durable : l’intervention de la Bank of England n’offre qu’un répit aux autorités britanniques. Premièrement, le programme de rachat d’obligations de 65 milliards de livres annoncé hier est temporaire – à priori deux semaines. Deuxièmement, ce programme ne règle pas le problème de fond. Si les investisseurs se débarrassent de leur livre sterling et exigent une rémunération élevée pour prêter au Trésor britannique, c’est qu’ils s’interrogent sur l’état du pays. Ils s’inquiètent en particulier de l’impact du plan de relance fiscale de Liz Truss sur une inflation incontrôlable et des finances publiques fortement dégradées. Même le FMI a demandé à Downing Street de revoir sa copie, alimentant le sentiment que le Royaume-Uni est désormais considéré par la communauté financière comme un pays émergent. Pour Londres, l’humiliation est complète.

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Liz Truss est déjà contestée au sein de sa propre majorité à cause de son plan de relance fiscale

Pourtant, Kwasi Kwarteng, le ministre des Finances de Liz Truss, refuse pour le moment de revenir sur son programme. Cette position est intenable : des voix s’élèvent déjà dans la majorité conservatrice pour réclamer un changement de cap, voire demander la tête de la nouvelle Première ministre. Le congrès du parti conservateur prévu le week-end prochain permettra d’y voir plus clair. En attendant, la crise que traverse le Royaume-Uni a valeur d’exemple de notre côté de la Manche. Elle montre le sort qui attend les pays de la zone euro tentés d’abandonner l’orthodoxie budgétaire pour combattre l’inflation. Il y a là de quoi convaincre la coalition qui vient d’être élue en Italie de renoncer à ses 40 milliards d’euros de dépenses supplémentaires. Cela apporte aussi de l’eau au moulin du projet de réforme des retraites du gouvernement français. En effet, si la BCE a les épaules plus larges que la Banque d’Angleterre, le soutien des banques centrales aux Etats dépensiers est considérablement limité en période de forte inflation.

François Vidal

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