C’est bien Liz Truss, l’ex-ministre des Affaires étrangères de Boris Johnson, qui va lui succéder au 10 Downing street. Les défis qui l’attendent pour relever le pays sont nombreux.
La 3ème première ministre de l’histoire du Royaume-Uni est confrontée à une crise sociale, économique et politique
Le Royaume-Uni est menacé par une triple crise, sociale, d’abord. Soumis à l’envolée de l’inflation – 10% en juillet et bientôt 13% selon la Banque d’Angleterre – les ménages britanniques subissent depuis des mois une baisse sans précédent de leur niveau de vie, de quoi alimenter un fort mécontentement et des grèves à répétition comme le pays n’en a plus connu depuis plus de trente ans. Le pays subit également une crise économique : cet hiver, de nombreuses entreprises pourraient être contraintes de réduire leur production, voire de mettre la clé sous la porte. Il faut dire que si rien n’est fait, les factures de gaz et d’électricité vont grimper de 80% en octobre. C’est une crise politique enfin, car le nouveau gouvernement de Liz Truss adoubé par les seuls militants conservateurs ne bénéficiera d’aucun état de grâce dans l’opinion. Selon les sondages, les travaillistes obtiendraient en effet une large majorité si des législatives avaient lieu aujourd’hui.
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Une crise monétaire pourrait s’ajouter aux difficultés de Liz Truss, alors que la livre sterling est au plus bas depuis 1985
Dans ces conditions, Liz Truss doit vite agir. Il lui faut annoncer de toute urgence un plan massif pour venir en aide aux ménages et aux entreprises. Selon la presse britannique, elle en a l’intention. Elle plancherait sur un plan d’une centaine de milliards de livres, d’une ampleur comparable à celui mis en place pendant le Covid. De quoi faire retomber les tensions, pour un temps au moins. Mais le nouveau gouvernement n’aura pas les coudées franches en termes de finances publiques, qui sont lourdement déficitaires depuis 2021. Liz Truss devra rassurer les marchés financiers, dont la défiance a déjà fait plonger la livre sterling au plus bas depuis 1985. Une chose est sûre : le Royaume-Uni, désormais isolé à cause du Brexit, ne peut pas se payer le luxe d’ajouter une crise monétaire aux trois crises qui le menacent déjà.
François Vidal