Un rapport sombre de l’association E-Enfance dévoilait en novembre dernier les ravages du cyberharcèlement chez les jeunes générations. Les parents ont un rôle important à jouer pour détecter l’harcèlement chez leur enfant ainsi que les protéger de l’emprise des réseaux sociaux.
40% des jeunes cyberharcelés l’ont été avant leurs 18 ans
Plus d’un jeune sur deux, 60% des 18 à 25 ans ont déjà été victimes de cyberharcèlement. C’est le constat de l’association E-Enfance. Qu’il s’agisse d’insultes, de moqueries ou de partage de photos et de vidéos sans consentement, le cyberharcèlement a des conséquences importantes sur la santé mentale. La moitié des victimes auraient déjà pensé au suicide, et 70% d’entre elles disent avoir connu des insomnies ou des troubles de l’appétit. Mais cette étude révèle également que 40% de ces jeunes cyberharcelés l’ont été avant leurs 18 ans. Justement, l’association E-Enfance s’occupe du numéro et de l’application 3018 pour accompagner les victimes de cyberharcèlement, mais leurs parents ont aussi un rôle crucial à jouer.
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Justine Atlan, directrice de l’association, donne des conseils pour repérer si son enfant se fait harceler. Il s’agit d’être très vigilant aux « changements de comportement » comme la perte d’appétit, la fatigue, l’agressivité ou l’abandon des passions et des loisirs. « Il ne faut pas hésiter à montrer qu’on voit qu’il ne va pas bien », remarque-t-elle. Surtout, il ne faut pas minimiser le harcèlement vécu par l’enfant. « C’est une agrégation de petites violences répétées, dont certaines, prises séparément, semblent mineures. Mais ce qui compte, c’est la douleur de l’enfant et pas le fait en lui-même », poursuit-elle.
Dans les cas de cyberharcèlement, l’addiction au téléphone devient pire que celle au tabac
Selon Catherine Jousselme, professeure de pédopsychiatrie au Centre Hospitalier Intercommunal des Alpes du Sud, il est particulièrement difficile pour les jeunes de faire face à la haine en ligne, par rapport aux autres types d’harcèlement. « L’engrenage des réseaux sociaux » est particulièrement vicieux : « il y a une obligation de regarder son écran parce qu’une bonne information pourrait suivre une mauvaise », explique-t-elle. « Par exemple, après trois messages disant qu’on est nul, on attend de recevoir un quatrième message disant qu’on est génial ». Ce mécanisme implique une forte addiction, « plus forte que certains produits comme le tabac et l’alcool », alerte la professeure.
Marine Salaville
Retrouvez le reportage de Marine Salaville à partir de 03:50