Le groupe Orpea annonce aujourd’hui son plan de transformation. Presque un an après la parution du livre choc de Victor Castanet sur les dysfonctionnements des Ehpad, les soignants attendent toujours désespérément l’amélioration de leur conditions de travail.
Ce soignant d’Orpea se plaint d’un manque de personnel et de budget toujours « criant »
C’est aujourd’hui que le groupe Orpea annonce son grand plan de transformation, presque un an après les révélations des pratiques de maltraitance et les dérives financières. Parallèlement des dizaines de perquisitions ont été lancées ce mardi, dans le cadre d’une enquête ouverte pour « maltraitances institutionnelles » contre le géant français des maisons de retraite privées. Depuis la parution du livre-enquête Les Fossoyeurs (Fayard), l’Etat a porté plainte. Le gouvernement a annoncé en mars dernier que les quelque 7.400 maisons de retraite médicalisées – publiques, associatives ou privées – françaises seraient toutes contrôlées d’ici à deux ans pour vérifier la qualité des soins. Elles seraient contraintes à davantage de transparence quant à leurs prestations et leur utilisation des fonds publics. Mais dans les établissements, on attend avec impatience que ces promesses se matérialisent.
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Depuis 5 ans, Guillaume s’occupe de 90 résidents dans un Ehpad Orpea d’Île-de-France. Après les révélations du livre de Victor Castanet, il voulait jeter l’éponge mais l’espoir de changement l’a fait rester. Un an plus tard, les démissions ont grimpé en flèche et 10 personnels soignants manquent pour fonctionner normalement. Guillaume est dépité : « rien n’a changé pour l’instant ». En plus de l’augmentation du coût des matières premières, « on manque de temps pour prendre en charge correctement les résidents, et le manque de personnel et de budget pour l’alimentation est toujours criant », explique-t-il.
Il faudrait que les Ehpad français embauchent au minimum 200.000 personnes
Guillaume l’assure, certains établissements n’ont même plus de dirigeant à leur tête et fonctionnent avec des directeurs par intérim. Mais plus inquiétant encore pour Claudette Brialix, présidente de la fédération des associations des personnes âgées et de leur famille : c’est le manque de médecins coordinateurs. « ça conduit l’Ehpad a faire appel à l’hôpital et aux service des urgences, qui ont les problématiques qu’on connaît », se lamente-t-elle. « Quelle catastrophe pire que le Covid va-t-on attendre pour s’y attaquer et mettre les moyens ? » Le taux d’encadrement préconisé par l’OMS dans les établissements qui accueillent des personnes avec des maladies dégénératives est de 1 personnel pour 1 résident. La France en est à moitié moins. Sur les 7.500 Ehpad publics et privés, il faudrait a minima une embauche de 200.000 personnes pour combler ce retard.
Rémi Pfister
Retrouvez le reportage de Rémi Pfister à partir de 00:45