Orpea, le groupe de maison de retraite actuellement dans la tourmente s’est offert une pleine page dans Le Parisien pour s’adresser aux familles des résidents, très inquiètes. En page 19, il revient sur les révélations du livre Les Fossoyeurs (éd. Fayard) sur la maltraitance dans certains établissements.
Orpea : Un directeur assure avoir eu un budget de 2,95 euros par jour pour les repas des résidents
Le groupe promet des audits et surtout soutient ses employés, en assurant que « tous nos collaborateurs font preuve dans nos établissements d’un engagement admirable. Nous sommes tous profondément meurtris par ce que nous lisons et entendons sur la manière dont les résidents des Ehpad seraient accompagnés ». Il reconnaît plus loin que des manquements peuvent exister et ce, malgré le cœur mis à l’ouvrage, et les contrôles. Bref, Le Figaro résume ce matin la situation : Orpea prépare sa riposte. Il y a du travail car désormais La Croix et Ouest France, le premier journal de France, qui se sont emparés du sujet de la prise en charge du grand âge.
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Dans Libération, plusieurs anciens aides-soignants, infirmières et directeurs d’établissement racontent les coulisses de leur travail chez Orpea, le n°1 des Ehpad en France. Les témoignages recueillis par le quotidien sont accablants et peut-être excessifs, voire non représentatifs. En voici deux, celui de Jean-Marie, ex-directeur d’établissement qui rapporte a Libération n’avoir eu qu’un budget de 2,95 euros par résidents et par jour pour l’alimentation, goûter compris. Et puis ce récit de Marie, aujourd’hui infirmière libérale dans le centre de la France et qui, il y a 3 ans, a décroché un CDI dans un établissement Orpea : « je ne me voyais pas travailler dans ces conditions épouvantables, on était deux infirmières pour cent résidents. On nous demandait d’aller toujours plus vite. Le premier jour, j’ai mis près de trois heures à donner leurs médicaments à tous les patients, un à un, en m’assurant qu’ils les prenaient. On m’a directement fait comprendre que c’était beaucoup trop long et qu’il fallait simplement déposer ces médicaments sur leur table. Qu’ils les prennent ou non, pour nous ca ne changeait rien ».
Des gériatres se prononcent pour un assouplissement du droit de visite
Dans Le Figaro un médecin Orpea confie que c’est très difficile à encaisser, lorsqu’on se donne corps et âme pour son travail. En attendant les audits, les inspections, Le Figaro observe qu’Orpea doit arrêter l’hémorragie tant sur le front de sa réputation qu’en bourse. L’action a perdu la moitié de sa valeur en une semaine. Voilà pour Orpea qui pourrait bien être le bouc émissaire d’un secteur mais également d’une politique qui a consisté à priver les aînés de toutes visites dans les établissements, mais également à les maintenir chez eux pendant des mois. Sous l’article consacré au groupe Orpea, des gériatres se prononcent pour un assouplissement du droit de visite. Le patron d’un groupe de maison de retraite s’interroge : « priver les résidents de relations affectives et sociales alors qu’ils ne se sentent pas malades devient sur le plan rationnel inexplicable ». Effectivement, c’est peut-être l’Etat qui un jour devra rendre des comptes.
David Abiker