Maltraitance dans les Ehpad : Orpea, le leader des maisons de retraites, accusé de rationner les résidents

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Le scandale devient politique. Yves Le Masne, directeur général d’Orpea a été convoqué dans les plus brefs délais par le gouvernement. Le leader mondial des maisons de retraite est mis en cause dans un livre dénonçant de graves défaillances dans ses établissements. Les fossoyeurs, du journaliste Victor Castanet, est publié aujourd’hui chez Fayard. Il décrit l’obsession de rentabilité du groupe qui le conduit à rationner ses résidents.

Orpea : « Nous ne sommes pas infaillibles mais nous n’avons rien à cacher »

Les faits dénoncés sont graves, selon la ministre déléguée chargée de l’Autonomie, Brigitte Bourguignon, qui demande au groupe de faire toute la lumière. Cette affaire relance également le débat sur la prise en charge des personnes âgées. Directrice d’Ehpad de 2002 à 2012, aujourd’hui députée des Hautes-Pyrénées, Jeanine Dubié se dit écœurée par les révélations sur le groupe Orpea : « si les faits sont avérés, c’est de la maltraitance, cet établissement doit être sanctionné. De tels faits alimentent dans l’inconscient collectif que les maisons de retraite sont des lieux où on ne s’occupe pas des vieux et où on se fait du fric sur leur dos ». Elle assure que dans 90% des établissements, ce n’est pas cette réalité. Toutefois elle constate la dégradation continue de la prise en charge : « la fermeture des lits de long séjour [dans les hôpitaux] fait que petit à petit, les Ehpad ont accueilli de plus en plus de gens dépendants et malades sans qu’on donne les moyens [de les gérer correctement] ».

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La loi « grand âge » avait été reportée sine die par le gouvernement

L’élue pointe également la difficulté de trouver du personnel. La seule manière de sortir de l’impasse, selon Annabelle Vêques de la Fédération nationale des associations de directeurs d’établissement pour personnes âgées : remettre sur la table la loi « grand âge », reportée sine die par le gouvernement. « Si on ne met pas les 10 milliards d’euros qui sont nécessaires pour réformer l’accompagnement du grand âge », explique-t-elle, « c’est beaucoup plus qu’on devra mettre dans les années suivantes, puisqu’on ne sera plus dans une logique de prévention. Et ne parlons même pas de la question de la dignité qu’on souhaite évidemment renforcer encore ! » Une situation d’autant plus pressante, rappelle Annabel Vêques, que d’ici 2050, la France devrait compter 5 millions de personnes âgées de plus de 85 ans, soit trois fois plus qu’aujourd’hui. « Nous ne sommes pas infaillibles, mais nous n’avons rien à cacher », a réagi le directeur général d’Orpea.

Rémi Vallez

Ecoutez le reportage de Rémi Vallez : 

 

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