Hausse des factures d’énergie : L’Etat aide les boulangers, mais à quel prix ?

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L’Etat a entendu le cri d’alarme des boulangers et d’autres TPE qui risquaient de payer leur électricité bien trop chère. Une bonne nouvelle pour ces secteurs, mais qui crée un précédent coûteux. Attention aux impôts des prochaines années !

Pour les TPE, l’électricité ne coûtera pas plus de 280 euros le mégawattheure

En France, on a environ deux millions de très petites entreprises (TPE), des sociétés de moins de dix salariés et moins de deux millions d’euros de chiffre d’affaires, et 600.000 d’entre elles avaient un vrai problème électrique. Comme les 33.000 boulangers qui doivent faire chauffer des fours à pains, ce sont des entreprises qui consomment trop d’électrons pour avoir droit à un contrat de type particuliers dont les prix ont été encadrés, puisqu’ils ne vont augmenter que de 15% en ce début janvier. Certaines de ces TPE ont dû signer des contrats au cours des derniers mois quand l’électricité était très chère. Elles se retrouvaient avec non seulement une facture multipliée par plus de 5 ou 6, mais comme les prix de l’électricité ont commencé à baisser, elles étaient dans une position concurrentielle désavantageuse face à des rivaux qui signent aujourd’hui de nouveaux contrats plus compétitifs.

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C’est pour cela que le gouvernement a décidé d’agir. Bruno Le Maire a réuni les fournisseurs d’électricité et Bercy a inventé un bouclier tarifaire d’un nouveau type. Pour les TPE il y a deux avancées, la première c’est que l’Etat leur garanti que leur électricité ne leur coûtera pas plus de 280 euros le mégawattheure. Le tarif est en hausse mais plafonné à un niveau acceptable. Deuxième bonne nouvelle, la garantie est rétroactive, ceux qui ont signé un contrat l’an dernier n’ont pas besoin de le dénoncer. Le nouveau tarif leur sera appliqué automatiquement.

 

Les PME commencent déjà à parler de distorsion de concurrence et exigent le même avantage que les TPE

C’est une bonne nouvelle pour les boulangers et les consommateurs, car cela devrait aider à contenir l’inflation du prix de la baguette par exemple. Mais on a créé un précédent coûteux. Cela montre qu’on a du mal, pour de bonnes raisons en partie, à sortir du quoi qu’il en coûte, parce qu’il ne faut pas être naïf, cette mesure va avoir un coût, et le coût va être supporté en partie par les fournisseurs d’électricité mais aussi par les finances publiques. Car les électriciens ont eux aussi passé des contrats l’année dernière pour acheter de l’électricité. Pour être sûr d’être servis ils ont passé des commandes à des prix élevés qu’il va falloir honorer. Si l’Etat leur demande de vendre au détail moins cher que ce qu’ils payent en prix de gros, ce n’est pas acceptable. Le deuxième problème c’est qu’on a un bouclier pour les TPE. Les PME commencent déjà à parler de distorsion de concurrence et exigent le même avantage. Mais plus on va étendre la couverture, plutôt cela va coûter cher à l’Etat et donc au final… au contribuable. On repousse l’inflation mais on le payera demain en impôts.

David Barroux

 

 

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