La bataille des retraites commence demain, avec la présentation de la réforme par Elisabeth Borne. Et même si un accord avec LR se dessine, elle s’annonce difficile pour le gouvernement face à un front syndical uni et des Français majoritairement opposés au report de l’âge légal de départ.
Le déficit des retraites s’élèvera à plus de 13 milliards d’euros dès 2026
Cette opposition est tout, sauf surprenante : qui répond oui spontanément quand on lui demande s’il veut travailler deux ou trois ans de plus ? Personne ! Il fallait donc faire de la pédagogie pour convaincre de l’utilité de cette réforme. Et c’est là-dessus que le gouvernement a péché dans la phase préparatoire. En changeant de discours à plusieurs reprises, il n’a pas su expliquer aux Français ce que le chef de l’Etat avait commencé à faire avant le premier tour de la présidentielle. S’il faut travailler plus longtemps, c’est pour deux raisons. D’abord pour combler le déficit des retraites qui s’élèvera à plus de 13 milliards d’euros dès 2026, si rien n’est fait, et se creusera encore plus par la suite. Ensuite et surtout, parce que c’est le meilleur moyen de sauver l’Etat-Providence, unanimement considéré comme un trésor national.
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La dette publique de la France a sûrement dépassé le cap des 3.000 milliards d’euros fin décembre 2022
C’est un discours que n’achètent pas du tout les syndicats notamment, et pourtant, l’an dernier, le déficit de la Sécurité sociale s’est encore élevé à près de 18 milliards d’euros. Or, tout le monde est d’accord pour dire que notre système de protection sociale dysfonctionne. Il faut lui aussi le réformer en profondeur et cela passe forcément par une remise au pot. C’est tout particulièrement vrai dans le domaine de la santé. Depuis des années, les dépenses y progressent plus vite que les moyens qui y sont consacrés. Et ça ne va pas s’arranger : vieillissement de la population, augmentation du nombre de malades chroniques, hausse du coût des médicaments, etc, etc,… Mais de l’argent, il n’y en a plus ! L’Etat est lourdement déficitaire, les prélèvements obligatoires ne sont pas loin des records mondiaux, ce qui interdit toute hausse des cotisations, quant à la dette publique elle a sûrement dépassé le cap des 3.000 milliards fin décembre. Le temps du quoi qu’il en coûte est révolu. Dans ces conditions, la réforme des retraites apparaît comme un recours. Le seul à notre disposition, pour préserver durablement notre modèle social grâce à un effort de solidarité collective.
François Vidal