Réforme des retraites : Avec un report à 64 ans, Emmanuel Macron assume la confrontation

Ludovic Marin/AP/SIPA

Elisabeth Borne devrait donc annoncer demain mardi 10 janvier la retraite à 64 ans. A voir la réaction des syndicats, peut-on dire qu’Emmanuel Macron a fait le choix de la confrontation sur cette réforme ?

Retraites : Emmanuel Macron voulait un report à 65 ans, il transige à 64

Le chef de l’Etat n’a pas choisi la confrontation, mais il l’accepte. Les syndicats n’en veulent pas, les Français n’en veulent pas. Ou alors, oui il faut une réforme, mais pas si brutale dans ses modalités, ni si rapide dans son calendrier. Tout cela, on va l’entendre en boucle dans les jours et les semaines à venir. Mais, regardons. S’il l’avait voulu, le président aurait pu faire passer la retraite à 65 ans, dès octobre, par un simple amendement au projet de budget de la sécurité sociale voté au 49.3. Ça aurait râlé, ça aurait secoué ; mais ça serait passé et ce serait derrière nous. On lui a dit : il faut prendre du temps, il en a pris. On lui a dit, il faut dialoguer avec les syndicats, la Première ministre les a reçus jusqu’au bout. Macron voulait 65 ans, il transige à 64.

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Il est faux de dire que l’exécutif a fait un bras d’honneur à la CFDT, il a fait des pas dans sa direction ; c’est Laurent Berger qui, sur la question de l’âge, n’a pas bougé d’un millimètre. Sauf à renoncer à faire une réforme sérieuse, il n’y avait pas d’autre choix que d’acter le désaccord. A l’inverse, Eric Ciotti semble assez ouvert à un vote favorable de LR. C’est incontestablement une bonne nouvelle pour lui. Le gouvernement a échoué à obtenir un compromis social ; il va peut-être réussir à obtenir un compromis politique. Ce n’est pas vraiment une surprise. Depuis le début on sait que, sur les retraites, il n’y a de majorité possible qu’avec la droite. Et on sait qu’à part Aurélien Pradié, arrivé troisième à l’élection récente à la tête du parti, LR veut un report de l’âge légal. Après avoir longtemps tenu à 65 ans, la parti désormais présidé par Eric Ciotti ne veut maintenant plus aller au-delà de 64. Apparemment Elisabeth Borne lui a donné le point.

 

La droite aurait dû pousser Macron à aller plus loin, mais elle trouve que 65 ans, c’est trop dur

La majorité sera-t-elle donc redevable à la droite de pouvoir faire aboutir sa réforme ? C’est ce que celle-ci va dire. Mais d’abord attendons la fin de l’histoire. Ensuite, il y a quand même un paradoxe. Voilà six ans que la droite accuse Macron de ne pas être un vrai réformateur, de manquer de courage et d’audace. Et là : il veut faire la retraite à 65 ans que Fillon, Pécresse et Ciotti réclamaient ? Et bien, c’est eux, à LR, qui disent : oh là, 65 ans c’est trop dur, on n’ira pas plus loin que 64. La droite aurait dû pousser Macron à aller plus loin ; elle le pousse à aller moins loin. Comprenne qui voudra.
Mais c’est ainsi. La majorité elle-même veut apporter sa pâte à la réforme, et en y ajoutant du « sucré » et pas du « salé » comme par exemple la retraite minimum à 85 % du smic pas uniquement pour ceux qui partiront en retraite, mais pour ceux qui y sont déjà. Voyez, Macron devra aussi trouver un compromis avec les macronistes. Mais pour tenir face à l’épreuve de force annoncée avec la rue, il en a besoin.

Guillaume Tabard

 

 

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