Selon un sondage Odoxa dans le Figaro, les Français connaissent et arrivent à placer dans le bon ministère seulement 5 ministres. Alors que le gouvernement possède 41 membres, ce désintérêt a de quoi inquiéter.
Même les chefs de partis ou les grands élus n’ont qu’une notoriété partielle
Cette statistique donne une leçon d’humilité au gouvernement. Les Français connaissent Bruno Le Maire : c’est le seul à être au même poste, l’Economie, depuis six ans. Ils connaissent Gérald Darmanin, parce que le ministère de l’Intérieur est sans doute le plus présent dans l’actualité, Eric Dupond-Moretti, lui, avait sa notoriété d’avocat avant d’entrer au gouvernement. Olivier Véran, qu’ils ont vus quasiment tous les jours pendant les deux ans du Covid, et enfin Gabriel Attal, benjamin du gouvernement et porte-parole avant de décrocher le Budget, se sont aussi fait un nom. 5 vraiment connus sur une équipe de 41, même en six mois, ça ne fait pas beaucoup. C’est une règle générale : la notoriété en politique met énormément de temps à se construire. Il ne suffit pas pour un ministre d’être présent dans les médias ou d’avoir une bonne équipe de communication pour être connu des Français.
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Ceux qui sont connus vraiment par tout le monde se comptent sur les doigts d’une main : Macron, Le Pen, Mélenchon, Borne. Et c’est à peu près tout. Même des chefs de parti, des présidents de groupe ou des grands élus n’ont qu’une notoriété très partielle. Et dans un gouvernement de plus de quarante membres, ce n’est vraiment pas facile. Il y a le club des 5 qu’on a cité. Il y a ensuite ceux qui parlent et dont on parle parce qu’ils occupent des fonctions importantes : Pap Ndiaye à l’Education, François Braun à la Santé, Sébastien Lecornu aux Armées, Agnès Pannier-Runacher à la Transition écologique. Et puis il y a tous ceux dont on ne parlent pas et qui ont du mal à se faire inviter dans les médias et qui quitteront le gouvernement aussi anonymes qu’à leur nomination. On n’aura pas la cruauté de citer des noms, mais ils sont légions. En effet, ça vaut pour tous les gouvernements qui se sont succédés.
La tendance aux gouvernements élargis n’est pas nouvelle
Alors pourquoi composer des gouvernements aussi nombreux ? Là encore, ce n’est pas une nouveauté. Tous les gouvernements tournent autour de 35 ou 40 membres. A chaque fois, c’est pareil. On nous promet, et Macron l’a fait aussi, un gouvernement resserré. Et à l’arrivée, il y a des sortants qu’on n’ose pas renvoyer, des jeunes pousses à promouvoir, des équilibres politiques et géographiques à assurer, des fidèles à récompenser, des priorités pour lesquelles on va créer un nouveau ministère et des catégories qu’on ne veut pas oublier. Etonnez-vous après tout cela que tant de ministres n’arrivent pas à franchir le mur du son. Après, il y a un problème politique quand des ministres en charge de grands secteurs ne parviennent pas à exister. Or, c’est le cas aujourd’hui pour l’Education nationale, la Santé ou l’écologie. Le charisme, en politique, ça compte !
Guillaume Tabard
