Caroline Cayeux : Sa démission est-elle le signe d’un manque de cohésion au sein du gouvernement ?

JEANNE ACCORSINI/SIPA

Caroline Cayeux a  démissionné de ses fonctions de ministre des Collectivités Territoriales en raison d’un différend avec la Haute Autorité pour la transparence de la vie publique. Il est question d’une différence d’interprétation de la mesure de son patrimoine.

Caroline Cayeux paye de ne pas avoir de soutien au sein du gouvernement

Rien ne dit que ce différend n’aurait pas pu être réglé. Il y a quinze jours, la même HATVP s’était interrogée sur des « manquements » dans la déclaration d’une de ses collègues, Agnès Pannier-Runacher, laquelle avait été prise à partie par l’opposition de gauche. Mais après explications, la question avait été réglée et la ministre est restée. Caroline Cayeux, elle, ancienne maire de Beauvais, venue de la droite, avait déjà essuyé une polémique dès sa nomination pour avoir très mal expliqué et justifié son revirement sur le mariage pour tous. Sur son patrimoine, en démissionnant plutôt qu’en argumentant, elle a d’abord montré qu’elle ne se sentait pas la force de subir une 2ème polémique. Elle a payé de n’avoir guère de soutiens à l’intérieur du gouvernement.

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Le soupçon de dissimulation, a fortiori celui de fraude, n’est jamais bon. Et qu’il soit avéré ou faux, il entretient la vieille rengaine du « tous pourris ». Et le problème est qu’on est malheureusement dans un monde où le simple soupçon vaut culpabilité. Et c’est pour ça que la gauche, aussitôt connue la démission de Caroline Cayeux, a voulu en faire le prétexte à un procès politique contre le gouvernement. « Qui dans ce gouvernement n’a pas de difficulté avec la justice ou la HATPV ? » a ainsi tweeté le patron du PS, Olivier Faure. Ce qui relève tout simplement d’une détestable généralisation et d’un coupable amalgame.

L’absence de collectif au sein du gouvernement l’empêche de résister aux polémiques

L’autre amalgame possible est celui qui peut exister entre cette affaire Cayeux et le retour de la polémique Mc Kinsey. Les deux sujets n’ont strictement rien à voir l’un avec l’autre. Mais on tourne toujours autour de la même question de la probité des politiques et de l’articulation entre le pouvoir et l’argent. Ce qui est embarrassant pour l’exécutif, c’est la polémique dans la polémique. Parce que deux ministres se sont contredits sur le sujet. Dans le week-end, Bruno Le Maire, le ministre de l’Economie, a fait un début de mea culpa collectif sur le recours aux cabinets de conseil, admettant une « dérive » et des « abus ». Porte-parole du gouvernement, Olivier Véran était à la Santé lors du Covid, où le recours à ces cabinets était important. « Je ne sais ce qu’est une dérive ou ce que sont des abus, mais ce que je sais c’est qu’il nous fallait rattraper l’Allemagne dans la campagne vaccinale », a-t-il ainsi répondu à Le Maire. Ça a agacé à Matignon. « Quand on a des choses à se dire, on le fait en privé, pas dans les médias », a confié l’entourage d’Elisabeth Borne. Trop isolée, comme Caroline Cayeux, ou divisés, comme ici Véran et Le Maire, ce qui empêche au fond l’exécutif de résister aux polémiques, c’est l’absence de collectif.

Guillaume Tabard

 

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