Coupe du monde : Emmanuel Macron en a-t-il trop fait ?

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Dès la fin de la finale, on a vu Emmanuel Macron sur la pelouse pour consoler Kylian Mbappé. Le président a voulu être au premier plan pendant cette Coupe du monde, une stratégie qui rapporte peu sur le plan politique.

En 2018, Emmanuel Macron n’avait pas bénéficié du sacre des Bleus

Emmanuel Macron a joué jusqu’au bout son rôle de supporter en chef des Bleus. Ce qui était gênant pour lui n’est pas qu’il soit descendu sur la pelouse pour consoler le meilleur buteur de cette Coupe du monde, mais que cette empathie affichée ait été accueillie avec une indifférence de celui qui était encore, et on peut le comprendre, dans sa déception. De ce fait, la belle image voulue par Emmanuel Macron est un peu tombée à plat. Mais que la place du président de la République soit sur place, dans le stade, je pense que cela ne se conteste pas. Qu’aurait-on dit s’il était resté regarder le match dans son bureau ? Il est des circonstances où le chef de l’Etat n’est pas le représentant d’un camp, mais celui de toute la nation. C’était le cas hier. Il espérait des retombées positives sur son image de ce déplacement, mais même en cas de victoire ça n’aurait pas été le cas. On se rappelle toujours la victoire de 1998 et l’envolée de la popularité de Jacques Chirac et de Lionel Jospin. Mais il y a quatre ans, Macron n’avait pas bénéficié de la deuxième étoile des Bleus, bien qu’il fût présent aussi à Moscou. Tout comme Nicolas Sarkozy n’avait pas pâti du fiasco de la Coupe du monde 2010.

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Une victoire des Bleus n’aurait pas rendu populaire la réforme des retraites

Les Français ne mélangent pas tout. Ils reconnaissent à leur président le rôle de porte-parole de leur soutien collectif à leur équipe. Mais ce n’est pas ça qui va les rendre plus indulgents pour son action. Même une victoire des Bleus n’aurait pas rendu populaire la réforme des retraites. Mais un tel parcours en Coupe du monde n’est pas pour autant sans influence sur le climat du pays. Vous vous souvenez des polémiques du début, concernant le boycott ou les actions de protestations. A l’arrivée, les Français ne demandaient pas à leurs joueurs de leur faire la morale, mais de leur redonner le moral. Et c’est ce qu’ils ont fait. Bien sûr, cette parenthèse enchantée n’efface pas l’impact de l’inflation, les craintes de coupures de courant ou l’exaspération devant l’engorgement du métro parisien. Mais disons-le : un tel moment de ferveur, même s’il est éphémère, fait du bien.

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En donnant le meilleur d’eux-mêmes, les Bleus ont permis aux Français de donner aussi le meilleur d’eux–même. C’est-à-dire cette capacité à exprimer une unité nationale qui transcende tous les particularismes que l’on exalte dans certains cas, que l’on dénonce dans d’autres, jusqu’à oublier ce qu’est une nation. Le foot a réconcilié les « beaux quartiers » et les « quartiers » tout court, les machos buveurs de bière et les féministes anti-barbecue. Il a effacé, fut-ce provisoirement, les différences sociales, culturelles ou ethniques. Il a permis de brandir le drapeau tricolore sans qu’on soit accusé de nationalisme étroit. Bref, le soutien à l’équipe de France, c’était le patriotisme pour tous. Ça aussi, ça fait du bien.

Guillaume Tabard

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