Adrien Quatennens : Pourquoi sa condamnation chamboule la direction de LFI

MPP/SIPA

Le député LFI Adrien Quatennens a été condamné à 4 mois de prison avec sursis pour violences conjugales. Les Insoumis ont aussi décidé d’une « radiation temporaire » : une solution qui va provoquer des remous au sein de la Nupes… et de LFI.

Adrien Quatennens est condamné à 4 mois de prison avec sursis

Cette condamnation ne règle pas le problème politique soulevé par cette affaire. La tension interne à la gauche reste d’autant plus forte qu’elle intervient dans un contexte global de crise à gauche, et à LFI en particulier. Quatre mois de prison avec sursis donc pour Adrien Quatennens, 2.000 euros de dommages et intérêts versés à son épouse pour préjudice moral. Cette peine, négociée dans le cadre d’un plaider-coupable, est ce qui est attribué habituellement pour ce type de faits. Rappelons que dans le cadre d’un divorce conflictuel, le député du Nord avait reconnu avoir donné une gifle à sa femme. Ce qui nous intéresse ici, c’est le volet politique car on se souvient que lorsque les faits ont été connus, Jean-Luc Mélenchon et d’autres dirigeants de LFI, tout en condamnant évidemment toute violence faite aux femmes, avaient plaidé pour une hiérarchisation de ces violences. Et ils avaient exprimé une forme de compréhension envers celui qui est leur ami. Compréhension ne voulant pas dire justification. Mais les autres partis de la Nupes, les Verts, Sandrine Rousseau en tête, les socialistes ou les communistes s’étaient montrés plus sévères, exigeant au minimum une sortie du groupe et même carrément une démission de l’Assemblée nationale.

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La décision prise par le groupe LFI, une « radiation temporaire » de quatre mois ne convient donc pas à tout le monde. Le groupe LFI ne fait pas rien. Adrien Quatennens est suspendu pour quatre mois, son retour étant conditionné par un engagement de sa part à suivre un stage de responsabilisation sur les violences faites aux femmes. La logique du groupe mélenchoniste est simple : à une sanction judiciaire doit correspondre une sanction politique. Mais celle-ci doit être proportionnée, d’où le choix d’une durée identique. Mais cela ne suffit pas aux défenseurs d’une intransigeance totale et qui ne veulent pas entendre parler d’un retour de député du Nord parmi les siens. Alors le bras de fer n’est pas fini. Car Adrien Quatennens a choisi de contre-attaquer et de sortir de son silence. S’il assume de payer pour sa faute, il dénonce l’instrumentalisation politique de la part de ceux qui ne connaissent pourtant rien d’autre à l’affaire que ce qu’il en a avoué lui-même. Et qui dit contre-attaque, dit nouvelles polémiques. Ça va tanguer dur à LFI. Et le bras de fer n’est pas fini car on voit bien qu’on est dans un moment où, de manière plus générale, le système Mélenchon est de plus en plus critiqué en interne. Il y a un lien indirect avec la réorganisation de la direction de LFI, mais un lien quand même. Avec Adrien Quatennens hors-jeu, Jean-Luc Mélenchon s’appuie plus que jamais sur sa garde très rapprochée et sur Manuel Bompard en écartant ceux qui critiquent sa stratégie et ses méthodes ou ceux à qui il ne fait pas assez confiance.

Guillaume Tabard

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