Euthanasie : La convention citoyenne sur la fin de vie démarre, et le suspense reste entier

JEANNE ACCORSINI/SIPA

Le coup d’envoi de la convention citoyenne sur la fin de vie est donné ce 9 décembre par Elisabeth Borne. Si la légalisation de l’euthanasie semblait acquise, on ne peut pas déjà savoir quelles seront les conclusions de la convention.

Le débat sur l’euthanasie a été marqué par les revirements d’Emmanuel Macron

Officiellement, son rôle n’est pas de préparer une loi autorisant l’euthanasie. Sa mission est de répondre à la question suivante : « l’accompagnement de la fin de vie en France est-il adapté aux différentes situations rencontrées ou d’éventuels changements devraient-ils être introduits ? ». Mais dans les faits, l’exercice semble quand même sacrément fléché. La question est ouverte mais n’avez-vous pas l’impression que sa formulation induit une réponse plutôt qu’une autre ? Le gouvernement et le Parlement décideront au regard du travail de cette convention de 173 citoyens qui travaillera jusqu’à la fin mars. Mais ce débat n’arrive pas de nulle part. Ça fait des années que la pression monte de la part d’associations qui jouent la carte émotionnelle à partir de cas effectivement difficiles et qui s’appuient sur des sondages montrant que les Français ont largement basculé en faveur de l’euthanasie.

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Le chef de l’État jure qu’il ne veut rien imposer, qu’il n’a rien décidé à l’avance, pas même du principe d’une loi. Il dit qu’il veut vraiment que tous les points de vue, toutes les sensibilités soient écoutées et respectées. On ne demande qu’à le croire. Mais, lorsqu’il va voir le Pape à Rome, il affiche les plus extrêmes précautions. Ce qui a fait dire à François : « je sais que tu ne feras pas de bêtises ». Et quand il reçoit Line Renaud et ses amis du Droit à mourir dans la dignité, il salue leur combat, il leur dit « nous le ferons » et leur annonce même un texte pour 2023. Alors, quel Macron croire ? Enfin, côté majorité, la mission d’évaluation de la loi Claeys-Leonetti [de 2016] est présidée par Olivier Falorni, le plus radical des pro-euthanasie.

Une autre option pourrait être le renforcement des soins palliatifs

Pour autant, on ne peut pas être sûr à l’avance de ce que conclura la convention. D’abord c’est l’opinion toute entière qui va s’emparer du sujet et on voit bien, maintenant que l’on commence à y entrer, que rien n’est simple. Le désir majoritaire n’est pas d’écourter une vie mais de soulager la souffrance, ce qui est précisément l’objet des soins palliatifs, trop peu connus et trop peu appliqués. Enfin, plus on regarde les exemples étrangers, plus on voit qu’à partir de lois prétendument minimales, on a basculé dans des dérives parfois terrifiantes touchant des mineurs ou des personnes qui ne sont pas en fin de vie. C’est sur les lignes de crête qu’on mesure le danger. Et tout le monde, quel que soit son point de vue initial, ne peut que souhaiter une convention qui ne serve pas de prétexte à des décisions qui seraient déjà prises.

Guillaume Tabard

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