Emmanuel Macron s’est publiquement agacé des « scénarios de la peur » au sujet des éventuelles coupures de courants cet hiver. Un coup de gueule pour calmer la panique et inciter le gouvernement à revoir sa communication.
Un vent de panique face aux coupures d’électricité souffle sur le pays
« Stop aux scénarios de la peur » . Emmanuel Macron a poussé ce coup de gueule parce qu’il y avait urgence. La crainte de coupures de courant en plein hiver, la crainte de voir les écoles fermées, les hôpitaux empêchés, les trains à l’arrêt, les ascenseurs bloqués, les appartements gelés : tout cela commençait à créer un esprit de panique dans le pays. Un peu comme si l’on nous prévenait d’un confinement et que l’on redoutait qu’il arrive de manière inopinée. Mais les Français ne se sont pas faits peur tous seuls. C’est un porte-parole d’Enedis qui a affirmé que les personnes sous respirateurs artificiels ne seront pas protégées des coupures [ce que n’a pas nié la ministre de la Transition Energétique Agnès Pannier-Runnacher]. C’est Pap Ndiaye qui prévient déjà que les écoles seront fermées en cas de coupure. Ce sont aussi, il faut bien le dire, les chaînes d’info qui tournent en boucle sur les conséquences des coupures comme si elles étaient acquises alors que le débat est centré sur l’éventualité de celles-ci. C’est cette dramatisation qui a énervé Emmanuel Macron, qui n’a pas attendu d’être rentré d’un sommet européen en Albanie pour pousser un coup de gueule contre tous ceux qui parlent à tort et à travers.
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Le problème n’est pas l’anticipation, mais la communication du gouvernement
Si les délestages, mot utilisé quand on n’ose pas employer le mot coupures de courant, n’étaient pas envisagés, on affirmerait que le gouvernement n’anticipe rien. Mais c’est là qu’on voit qu’il n’y a pas de bonne anticipation sans une bonne communication. Lorsque les autorités publiques travaillent sur des plans blancs dans les hôpitaux ou sur des scénarios d’attaques terroristes, ça veut dire qu’elles se tiennent prêtes à faire face au pire, pas que le pire va arriver. C’est pareil en ce qui concerne le froid et la fourniture d’électricité. Le problème, c’est qu’une circulaire aux préfets a inutilement fuité. Des ministres ont accepté de répondre sur les conséquences de coupures plutôt que de dire qu’on faisait tout pour les éviter. Le problème c’est quand des opérateurs, donc des techniciens, feignent de faire des choix qui relèvent du politique. C’est cela qui génère la peur. Or, on ne gouverne ni convainc par la peur. Emmanuel Macron a eu raison de le rappeler.
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Pourtant, fin août, Emmanuel Macron sonnait lui-même le tocsin en déclarant « la fin de l’abondance ». La dramatisation avait surpris. Il s’agissait alors de frapper fort pour déclencher un réflexe de « sobriété » de la part de tous : citoyens, entreprises, administration. L’objectif était de faire baisser la consommation d’électricité de 10 % pour éviter d’en arriver à des coupures quand l’hiver arriverait. On en déjà à 6 %. Donc il ne sert à rien de faire peur inutilement. Mais une fois encore, on constate que pour faire ce rappel à l’ordre, une seule personne est capable de se faire entendre en France : le président de la République.
Guillaume Tabard