Depuis sa nomination, le ministre de l’Education nationale, Pap Ndiaye, subit les critiques de la droite et de l’extrême droite. Afin que ce trouble n’atteigne pas le gouvernement, Emmanuel Macron désamorce la polémique en assurant que son nouveau ministre s’inscrit dans la continuité idéologique de Jean-Michel Blanquer, son prédécesseur.
Pour Emmanuel Macron, Jean-Michel Blanquer et Pap Ndiaye sont bien deux nuances d’un même universalisme
Pap Ndiaye a effectué son premier déplacement de ministre dans le collège de Samuel Paty, assassiné par un terroriste en 2020. Cette première, un symbole fort, est un moyen pour lui de corriger l’image qui lui a été accolée après sa nomination. En raison de ses travaux universitaires ou de certains de ses anciens propos, Pap Ndiaye avait été catalogué du côté de ceux que l’on appelle les racialistes ou les indigénistes, par opposition aux universalistes dont Jean-Michel Blanquer était le représentant. Que son nouveau ministre soit pointé du doigt par la droite ou l’extrême droite ne dérange pas trop Emmanuel Macron. A l’inverse, cela lui va très bien que ses adversaires soient dans des postures frontales. Pourtant, ce qui est gênant pour le président, c’est que le doute et même le trouble s’installe au sein de sa majorité voire au sein de son gouvernement. Le chef de l’Etat s’emploie donc à rassurer sur cette nomination. Il fallait également un signe fort de la part de Pap Ndiaye de non-compromission avec l’islamo-gauchisme. Se rendre dans l’établissement de Samuel Paty était donc un symbole nécessaire.
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Depuis le 20 mai, auprès de ses visiteurs, Emmanuel Macron explique les raisons de son choix et clarifie la ligne qu’il veut suivre à l’école. A ceux qui disent que le nouveau ministre de l’Education est un universitaire et pas un gestionnaire, il assure qu’il l’a vu à l’œuvre comme directeur du musée de l’Immigration et qu’il a constaté une mue de gestionnaire de la part de Ndiaye. Cela sera effectivement nécessaire pour piloter la Rue de Grenelle. Sur le fond surtout, Macron assure que ce n’est pas lui qui a fait un virage à 180° mais bien Ndiaye. Le nouveau ministre lui a assuré se reconnaître dans le discours républicain des Mureaux ou dans la philosophie de la loi contre le séparatisme. Macron répète que son choix n’a pas pour objectif de détricoter ce qu’a fait Blanquer mais permettrait au contraire de mettre en œuvre tout ce qui a été décidé depuis 5 ans. En somme, à ses yeux, Blanquer et Ndiaye ne sont pas l’un universaliste et l’autre indigéniste mais sont bien deux nuances d’un même universalisme.
Emmanuel Macron fait le pari que Pap Ndiaye pourra séduire à gauche
Malgré leurs ressemblances présumées, il fallait tout de même changer de ministre car il y avait un nœud politique et psychologique à l’Education nationale. A cause de son style et parce qu’il a tenté de s’attaquer à quelques baronnies idéologiques au sein de ce ministère, Blanquer avait braqué une partie du monde enseignant contre lui. Macron ne s’en cache pas, il veut reconquérir le corps scolaire qui a en grande partie basculé du côté de Jean-Luc Mélenchon. Pour schématiser, comme Ndiaye fait peur à droite, Macron fait le pari qu’il pourra séduire à gauche. Donc à l’entendre, il n’y a pas de ralliement au discours colonialiste mais une opération de reconquête républicaine via une figure vierge. Il reste à savoir si c’est un pari atteignable ou un vœu pieux.
Guillaume Tabard