Le projet de loi énergies renouvelables est examiné depuis lundi à l’Assemblée nationale. La pression n’est pas sur le gouvernement, mais bien sur la Nupes, qui a déjà commencé à se diviser.
Ecologistes et socialistes trouvent des terrains d’entente avec la majorité
Les socialistes ont d’ores et déjà annoncé qu’ils étaient prêts à voter le texte avec quelques ajustements. Par exemple, les ristournes sur le prix de l’électricité que le gouvernement prévoit pour les voisins des futures éoliennes. Le PS veut qu’elles ne soient pas universelles mais réservées aux plus précaires, ce à quoi le gouvernement a donné son accord.. Les écologistes, eux aussi, demandent des garanties : par exemple, que les panneaux solaires soient installés sur des parkings ou des toits plutôt qu’en rasant des forêts. Là encore, un terrain d’entente sera trouvable avec le gouvernement. Ecologistes et socialistes miment le mal de crâne. Mais à la fin, comment diable pourront-ils justifier de voter contre un texte qui vise à décarboner ?
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Restent les Insoumis : ils hésitent entre s’abstenir et voter contre. Bien embêtés, ils sont pris en étau entre leur discours écologiste et leur volonté de rester dans l’opposition frontale à Emmanuel Macron. Ayez en tête qu’une simple abstention serait une première ! Depuis le début de la mandature, les Insoumis ont voté contre tout. Enfin, les communistes voteront contre les éoliennes mais pour le nucléaire quand la loi pour le développement de l’atome arrivera. En résumé, ces prochains jours, la Nupes risque de se fracturer ou à tout le moins d’exposer ses divisions aux yeux du grand public.
L’incohérence idéologique guette les Insoumis, opposés au texte
Il y a aussi le risque d’un procès en incohérence idéologique pour LFI. Pendant ses campagnes présidentielle et législatives, Jean-Luc Mélenchon était devenu le porte-drapeau de l’écologie radicale. Cela lui a permis d’atteindre 22%, d’humilier Yannick Jadot avec ses 4% et ensuite de prendre le leadership de la Nupes. Un argument massue a particulièrement pesé auprès d’une partie de la jeunesse : celui de l’urgence. L’idée que si on n’agit pas tout de suite, alors il sera trop tard. Eh bien là, tout de suite, il y a devant les députés Insoumis un texte qui permet d’agir. Il n’est peut-être pas parfait mais il est là. Qui plus est, il ne demande qu’à être amendé, le gouvernement y est prêt. Voter contre par posture, c’est prendre le risque de décevoir toute une partie de l’électorat de LFI, pour qui agir pour le climat est plus important que d’infliger une défaite à Macron, même s’ils le détestent. Voilà pourquoi, sur ce texte, les députés insoumis avancent en terrain miné.
David Doukhan