Eric Ciotti élu président de LR : Pourra-t-il empêcher le déclin des Républicains?

Jacques Witt/SIPA

Eric Ciotti a été élu président des Républicains avec 53% des voix. Une victoire nette qui donnera un nouvel élan au parti. Mais le nouveau patron devra vite faire face à la double concurrence d’Emmanuel Macron et d’Eric Zemmour.

Eric Ciotti n’a longtemps été qu’un lieutenant associé à la sécurité et l’immigration

Ce scrutin est d’abord une satisfaction et un soulagement pour les Républicains. La droite est mal en point mais le parti n’est pas mort. Quelque 63.000 adhérents sur les 91.000 votaient hier : il reste un socle de militants. C’est ensuite une consécration personnelle pour Eric Ciotti. Le député des Alpes-Maritimes a longtemps été un lieutenant identifié à une seule thématique : la sécurité et l’immigration. Il a franchi un seuil en arrivant en tête au premier tour de la primaire qui l’opposait à des premiers rôles comme Valérie Pécresse ou Xavier Bertrand. Avec cette victoire, il devient chef de parti. La fonction ne fait pas forcément l’homme d’Etat mais voilà maintenant Eric Ciotti en première ligne.

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Quant au score, il est net (53,7%), donc incontestable. Souvenez-vous du match Jean-François Copé / François Fillon en 2012 [l’un avait emporté 50,28% des suffrages et l’autre 49.72%]. Cette fois il n’y aura pas de contestation conduisant à de nouvelles divisions. Un score net mais serré malgré tout, et Eric Ciotti doit en tenir compte. Il était archi favori de ce second tour, fort du soutien des sarkozystes, des chiraquiens et de la plupart des institutionnels de LR. Il y a même eu des attaques dures contre Bruno Retailleau et sa ligne conservatrice, des attaques avec des mots qui auraient pu être ceux de la gauche. Et bien cette ligne censée être marginale a quand même fait près de 47 % des voix. Avant de donner un nouvel élan à LR, Eric Ciotti va déjà devoir faire en sorte de garder tous ceux qui sont encore à LR, c’est-à-dire donner des signes concrets de respect et de rassemblement de toutes les sensibilités. Ses adversaires diront que LR va mettre le cap encore plus à droite. Il répondra que le rôle de LR est de remobiliser la droite, pas de parler comme la gauche ou la majorité.

Sa ligne droitière pourrait effrayer les Républicains modérés

Mais Eric Ciotti récupère un parti qui est sous une double concurrence : celle d’Emmanuel Macron, notamment auprès des élus, et Eric Zemmour, notamment auprès des militants. Or, à LR, certains prévenaient qu’une ligne très droitière les ferait quitter le parti, et sans doute frapper à la porte de la majorité. Le feront-ils ? Et puis, à l’inverse, il y en a qui n’ont pas aimé qu’Eric Ciotti ait les mêmes mots que les macronistes et les mélenchonistes pour dénoncer le « qu’ils rentrent en Afrique » du député RN Grégoire de Fournas. Saura-t-il les rassurer ? Enfin, s’il est clair que sa mission est de faire de LR, à moyen terme, un pôle d’alternance à Emmanuel Macron, il va devoir se positionner concrètement face à des projets de court terme comme les retraites, les énergies renouvelables ou encore l’immigration.

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Eric Ciotti président de LR implique aussi que Laurent Wauquiez sera candidat de la droite à la présidentielle. C’est le deal entre les deux hommes. Le nouveau patron a fait campagne en promettant qu’il désignera Laurent Wauquiez comme candidat. En échange, le président d’Auvergne-Rhône-Alpes l’a fortement soutenu contre Bruno Retailleau. Mais cette victoire si serrée n’est pas qu’une bonne nouvelle pour lui. Laurent Wauquiez va devoir profiter de l’aide de LR mais il devra aussi ne pas être prisonnier du parti. D’autant que de Xavier Bertrand à David Lisnard, il y aura peut-être de la concurrence. Vous le voyez, les débats à droite ne sont pas clos.

Guillaume Tabard

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