Présidence de LR : Eric Ciotti face à Bruno Retailleau, un match qui ne manque pas de saveur

Jacques Witt/SIPA

Le premier tour du scrutin pour la présidence de LR a tenu ses promesses et a mobilisé les adhérents Républicains. Dimanche prochain, le duel entre Eric Ciotti et Bruno Retailleau s’annonce plein de suspense.

66.000 des 91.000 adhérents ont voté, bien plus qu’EELV ou Renaissance

Le match Ciotti-Retailleau-Pradié était peut-être moins attendu que celui de la France contre la Pologne. Ce premier tour de la compétition pour la présidence des Républicains a malgré tout tenu ses promesses et les Républicains peuvent se féliciter de deux choses. D’abord, ce scrutin a mobilisé plus de 66.000 votants sur les 91.000 adhérents. Même si LR n’est plus ce qu’il était, ça n’est pas rien. C’est bien plus que les 5.000 électeurs au congrès des Verts, un parti qui se prétend pourtant le plus démocratique. Et c’est bien plus que les moins de 13.000 macronistes qui ont voté pour porter Renaissance, censé être le grand parti de la majorité présidentielle, sur les fonts baptismaux. Donc les LR gardent un socle militant substantiel. Ce n’est bien sûr pas suffisant pour endiguer toute hémorragie électorale mais c’est un préalable nécessaire. La deuxième chance des Républicains est d’avoir créé un vrai suspense. Éric Ciotti est en tête mais nul ne peut dire qui de lui ou de Bruno Retailleau l’emportera dimanche prochain. Ce suspense va mécaniquement provoquer un intérêt politique et médiatique qui avait manqué au premier tour.

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Aurélien Pradié se retrouve en faiseur de roi

Ce scrutin a deux finalistes, Éric Ciotti et Bruno Retailleau, mais il n’a imposé aucun favori. Il y a un vaincu, Aurélien Pradié, mais il n’y a pas d’humilié. Avec plus de 22%, le député du Lot recueille plus de soutiens que prévu et se retrouve en position d’arbitre. Le moins qu’on puisse dire, c’est que Pradié n’aime pas Retailleau, mais personne n’est propriétaire de ses voix et on aurait tort d’imaginer des reports en fonction d’un axe droite-gauche. Ciotti et Retailleau, ce sont deux droites assumées, l’une sécuritaire et l’autre identitaire. Il est probable que le député de Nice mette en avant le soutien qu’il a reçu de Laurent Wauquiez, en échange d’un engagement à le faire désigner rapidement candidat de la droite à la présidentielle. C’était aussi sa carte de premier tour. Cela a donné 42 %. Retailleau sera-t-il face à Ciotti le candidat de tous les anti-Wauquiez ? Pas uniquement, mais que Xavier Bertrand le soutienne pour ce second tour est un signe.

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Le risque est que le ton soit plus musclé au second tour. Les deux finalistes vont forcément essayer de souligner leurs différences. Il peut donc y avoir la tentation de se caricaturer ou de se dénigrer mutuellement. Or, vu la situation actuelle de LR, le parti ne peut pas s’offrir le luxe d’une nouvelle vague de départs. Le minimum est déjà de garder tous les militants qui restent. La droite ne pourra vraiment se reconstruire que si elle sait garder aussi ceux qui se reconnaissent en Xavier Bertrand, en Valérie Pécresse ou d’autres. Mais aussi retenir ceux qui sont tentés d’aller voir chez Macron, comme Sarkozy les y invite. Et encore de parler à ceux qui ont vu hier que le zemmourisme n’était pas mort. Donc, pour Ciotti comme pour Retailleau, le choix de ce second tour est de se préparer à se rétrécir encore ou décider, enfin, de s’élargir à nouveau.

Guillaume Tabard

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